Les négociations entre le Gouvernement et l' l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) sur le gel ou non des majorations salariales dans le secteur public en 2017 et en 2018 sont au point mort. Aucune réunion bipartite n'a été programmée depuis l'échec de la rencontre tenue samedi dernier. Et même la rencontre , hier du secrétaire général de l'UGTT, Hassine Abbassi, avec le président de l'ARP, Mohamed Ennaceur, n'a pas permis de rapprocher les points de vue entre les deux camps. A l'issue de cette rencontre, M. Abbassi a déclaré à la presse que le règlement du différend entre l'organisation syndicale et le gouvernement au sujet du report du versement des majorations salariales doit s'effectuer de manière à rendre justice aux ayants droit, affirmant qu'il est inconcevable de bafouer ce droit. Il a cependant précisé que «l'organisation est prête à retourner à la table de dialogue ». De son côté, le président de l'ARP a souligné que le dialogue se poursuivra et qu'il existe une réelle volonté et un engagement de la part de hauts responsables du pays à préserver l'union nationale. La centrale syndicale qui avait refusé une nouvelle proposition consistant à reporter le versement des majorations salariales à 2018 au lieu de 2019 lors de la réunion tenue samedi dernier campe toujours ses positions initiales opposées à tout ajournement ou annulation des majorations salariales. «Nous avons déjà présenté au gouvernement des propositions concrètes pour renflouer les caisses de l'Etat sans toucher aux majorations salariales dans le secteur public», a souligné le secrétaire général adjoint de l'UGTT, Noureddine Tabboubi. «Le recouvrement par l'Etat de ses dettes fiscales et ses pénalités douanières pourrait permettre, à lui seul de mobiliser plusieurs milliards de dinars», a-t-il ajouté, indiquant que le gouvernement n'a pas fourni à ce jour à l'UGTT des données précises sur le devoir fiscal des entreprises ainsi que sur les entreprises bénéficiant d'exonérations fiscales. Prédisposition au dialogue M. Tabboubi insiste cependant sur la prédisposition de la partie syndicale au dialogue. «Nous sommes toujours disposés à négocier dans le but de parvenir à une solution consensuelle basée sur le principe du partage des sacrifices entre les différents acteurs», a-t-il précisé. Du côté du gouvernement, on explique que le retardement souhaité du versement des majorations salariales est motivé par la situation économique et financière difficile que connaît actuellement le pays. Une source proche du ministère des Finances n'a pas caché dans ce cadre le fait que le gouvernement subit des pressions de la part des bailleurs de fonds internationaux, dont le Fonds monétaire international, pour réduire la masse salariale dans le secteur public. Face à cette impasse de plus en plus de voix s'élèvent pour appeler au lancement d'un dialogue autour des diverses dispositions de la loi des finances 2017 sous le parrainage de la présidence de la République. Après le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, et la présidente de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du commerce et de l'Artisanat, Widede Bouchamaoui, cette proposition a été formulée par le parti Al-Massar (La Voie démocratique et sociale). Cette formation qui fait partie de la coalition gouvernementale vient en effet de plaider pour de larges concertations sur la loi des finances auxquelles doivent participer les forces politiques et sociales signataires du document de Carthage qui définit les priorités du gouvernement d'union nationale dirigé par Youssef Chahed. Selon le parti Al-Massar, ces concertations doivent aboutir à des solutions positives qui protègent le pouvoir d'achat des salariés, partagent équitablement les charges entre tous, préservent les équilibres financiers et favorisent la mobilisation des ressources financières à l'abri de l'endettement extérieur. Selon nos informations, l'idée d'un nouveau round de dialogue trouve déjà un bon écho auprès des différents partenaires sociaux, dont la centrale syndicale qui a rappelé à maintes reprises que son opposition au projet de loi de finances 2017 ne veut aucunement dire qu'elle ne soutient plus le gouvernement d'union nationale.