Autour d'un narguilé et d'un thé à la menthe une discussion animée a eu lieu dans un café maure, (on devrait écrire mort, car le café mauresque a complètement perdu son cachet d'antan) entre deux quinquagénaires concernant les chiens errants. L'un d'eux après avoir tiré à plein poumons sur sa chicha, inspirant avec kif, ce tabac parfumé à la cerise, a expliqué à son interlocuteur estomaqué, que le phénomène est devenu alarmant : « La semaine dernière j'ai paniqué le soir en rentrant chez moi, en voyant une meute de chiens foncer dans ma direction. Ils allaient carrément me lyncher, n'eût été l'arrivée d'une grosse cylindrée qui les a désorientés ». Il est vrai que les chiens errants constituent de plus en plus une menace pour les citoyens surtout pour les personnes âgées ou les enfants en bas âge. Plusieurs personnes qui ont été attaquées par des chiens errant en ville. Il y a quelque temps, des chiens errants se promenaient tranquillement le soir, à Tunis, en pleine avenue Bourguiba., oui à l'avenue Bourguiba, car ces chiens sont partout et ils peuvent surprendre en attaquant. Mais ceux de l'avenue Bourguiba étaient plutôt paisibles et même dociles. En réalité ce phénomène n'est propre à la Tunisie. En Europe le nombre de chiens errants serait aux alentours de 100 millions ou plus. En France par exemple c'est grâce à une législation efficace et rigoureuse, que leur surpopulation est évitée. La loi prévoit d'abord la prise en charge obligatoire des chiens errants par la mairie avec le transfert de l'animal errant chaque fois qu'il est signalé, dans un lieu de dépôt pendant 8 jours maximum, recherche active par la fourrière de son propriétaire et en cas d'échec, placement de celui-ci dans une association pour la protection animale afin d'envisager une adoption. Il arrive dans le cas des chiens abandonnés, que la mairie recourt à leur abattage. Mais d'abord c'est le dernier recours pour des chiens affaiblis ou malades, et puis ils ne sont pas abattus en pleine rue et abandonnés à leur sort, gisant dans une mare de sang comme c'est le cas en Tunisie. L'abattage des chiens errants est une méthode qui a été adoptée, et qui continue à être pratiquée, depuis le siècle dernier. En Tunisie, en 2016, bien que les alternatives existent, on continue de massacrer ces bêtes, de jour comme de nuit. Cette méthode plutôt barbare est-elle due au manque de moyens ? Les autres solutions telles que la vaccination antirabique dissimulée dans les appâts sont coûteuses, et nécessitent un personnel spécialisé pour lequel il faut allouer un budget particulier. Toutefois selon certains membres d'associations humanitaires c'est plutôt la volonté qui manque, plusieurs actions étant proposées par des bénévoles, bien qu'il n'existe pas encore d'association protectrice des animaux à l'instar de la SPA en France. L'abattage est en tous les cas, plus coûteux que la vaccination. Le maire de Tunis a annoncé récemment que la municipalité envisage de recourir à la stérilisation des chiens afin de ralentir leur croissance. Une chambre d'opération a été installée à cet effet pour traiter les différents cas. « La castration permet de minimiser l'agressivité des chiens, » a-t-il souligné. Au café, le quinquagénaire interloqué, les yeux écarquillés tira une bouffée de tabac fraisée de son narguilé et s'exclama : « acceptons-en l'augure » !