Les chiens stérilisés dans le centre portent une boucle d'identification de couleur orange afin d'être repérés par la police municipale. Dans notre pays, l'abattage des chiens errants a fait couler beaucoup d'encre et continue à mobiliser la société civile qui veut mettre fin à cette pratique jugée «barbare». Dix heures. Nous nous trouvons devant la clinique vétérinaire du Belvédère spécialisée dans la vaccination et la stérilisation des chiens abandonnés et placée sous la tutelle de la municipalité de Tunis. Cette clinique a vu le jour en mai dernier à l'initiative du Dr Soumaya Ben Chida, médecin vétérinaire et directrice de la Protection de l'environnement publique relevant de la municipalité de Tunis: «C'est un projet pilote. Il s'agit de procéder à la capture des chiens errants de les stériliser pour éviter leur prolifération car l'abattage ne constitue pas une solution en soi d'autant plus que ce n'est pas humain. Notre image de marque auprès des touristes a été entachée par de telles pratiques», dit-elle d'une voix confiante et pleine d'assurance. «Le maire de Tunis a été très coopératif. Il a très vite adhéré à l'idée de monter une clinique vétérinaire et d'opter pour la stérilisation au lieu de l'abattage», continue-t-elle. Ainsi, toute une équipe collabore à ce travail de capture avec des moyens sophistiqués qui incluent un fusil anesthésique et des cages de capture. La clinique est , par ailleurs, dotée d'une salle d'opération pour opérer les chiens errants et les stériliser. Les internes de l'école vétérinaire de Sidi Thabet, chapeautés par un professeur en chirurgie, réalisent eux-mêmes cet acte chirurgical qui consiste en une ovariectomie pour les femelles et une castration pour les mâles. Après leur réveil, l'équipe se charge de les relâcher à l'endroit où ils ont été capturés. C'est Marouen Ben Kilani, formé à la capture des chiens difficiles, qui se charge d'attraper les chiens errants, assisté par des étudiants pour le dosage de l'anesthésie. «Les chiens sont relâchés dans le même endroit, et ce, pour occuper leur territoire et éviter la prolifération d'autres animaux», souligne Marouen, enthousiaste et passionné des animaux. 250 chiens errants ont été castrés, a affirmé ce dernier en ajoutant, par ailleurs, que 95% des cas de rage humain sont dus à des morsures de chiens. «Cette clinique est considérée comme le premier centre municipal à vaccination anti-rage pour les chiens errants et les chiens à propriétaires», souligne Dr Ben Chida qui chapeaute toute l'équipe. L'équipe de la clinique procède également à la stérilisation des chiens de l'Inat, des sociétés et des propriétés privées. Dans la salle d'opération très «clean», les étudiants s'attellent à leur propre tâche avec beaucoup de savoir-faire. Une fois opérés, les chiens portent une boucle d'identification de couleur orange. «Pour cette année, nous avons opté pour la couleur orange fournie gratuitement par la "centrale canine"», révèle le Dr Ben Chida. Des boules de poils débarquent des quatre coins des environs à la clinique, portant une muselière. «Une fois opérés, ils portent la boucle d'identification, deviennent plus dociles et moins agressifs. Ils sont reconnaissables par la police municipale qui est chargée d'abattre les chiens errants», explique-t-elle. Ces chiens capturés sont également vermifugés dans ce centre. Le vermifuge, nous fait savoir la spécialiste, est un don de la OSE (Organisation mondiale de la santé animale). Il est, par ailleurs, à noter que le coût du traitement de la rage revient à 4 milliards par an. Il est urgent de généraliser cette action pilote de la municipalité de Tunis, à toutes les autres municipalités. «616 animaux à propriétaires ont été vaccinés par notre centre. En 2017, on a enregistré un seul cas de rage humaine contre 6 en 2015. L'action de stérilisation des chiens errants est une action de la municipalité de Tunis qu'il faut généraliser à d'autres communes», conclut Dr Ben Chida