Le père de la révolution cubaine, Fidel Castro, est mort vendredi à l'âge de 90 ans, a annoncé son frère Raul à la télévision cubaine. Raul Castro, qui a succédé à Fidel Castro en 2006, a fait savoir que le corps de l'ancien dirigeant sera incinéré, conformément à ses vœux. "Ce soir, à 10h29, le commandant en chef de la révolution cubaine, Fidel Castro Ruz, est mort", a déclaré Raul Castro, vêtu de l'uniforme vert-olive popularisé par son frère lorsqu'il dirigeait l'île communiste. "Jusqu'à la victoire, toujours", a-t-il conclu, reprenant les morts si souvent prononcés par Fidel Castro. Les hommages des pays alliés et amis de Cuba se sont multipliés hier, de New Delhi à Moscou, en passant par Caracas ou Johannesburg. Proche du régime cubain depuis le rapprochement opéré par son ancien dirigeant Hugo Chavez, le Venezuela a salué la mémoire de Fidel Castro et invité "les révolutionnaires du monde entier à suivre son héritage", par la voix de son président Nicolas Maduro. Arrivé au pouvoir en 1959, l'ancien avocat a dirigé Cuba d'une main de fer pendant près de cinq décennies et a pris une place centrale au cours de la Guerre froide. A La Havane, les rues restent calmes en raison de l'heure tardive de l'annonce de la mort de Fidel Castro. Plusieurs habitants ont toutefois exprimé un chagrin qui contrastait avec les scènes de liesse observées à Miami, capitale officieuse de la diaspora anticastriste. A Miami des exilés cubains se sont réunis dans les rues, brandissant des drapeaux, dansant et tambourinant sur des poêles et des casseroles, montre une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. "C'est le plus beau jour de ma vie, les Cubains sont enfin libres", se réjouissait Orlidia Montells, âgée de 84 ans. Représentante républicaine au Congrès et membre de la communauté américano-cubaine de Miami, la parlementaire Illeana Ros-Lehtinen a de son côté salué la mort d'un "tyran". "Un tyran est mort et une nouvelle ère peut s'ouvrir sur le dernier bastion communiste de l'hémisphère occidental" Dix présidents américains Diabolisé par les Etats-Unis et leurs alliés, Fidel Castro n'en a pas moins suscité l'admiration de millions de militants et dirigeants de gauche, en Afrique et en Amérique latine, notamment, où plusieurs dirigeants se revendiquent de son héritage. Considéré comme une menace pour le monde libre, le régime communiste cubain a nargué des années durant les Etats-Unis, symboles du capitalisme occidental et distants d'à peine 150 kilomètres. Au total, dix présidents américains ont occupé la Maison blanche au cours du règne de Fidel Castro. Malgré les efforts déployés par les Etats-Unis, la CIA et les anticastristes, c'est la maladie qui a fini par vaincre "El Comandante", qui a passé le relais du pouvoir à son frère, Raul, à titre provisoire en 2006, définitivement en 2008. En avril, lors d'une de ses rares apparitions publiques, Fidel Castro a stupéfait le parterre de caciques du Parti communiste devant lesquels il s'exprimait, en évoquant sa mort qu'il disait imminente. "Mon tour viendra bientôt. Notre tour viendra, mais les idées des communistes cubains resteront", avait-il déclaré. Si Raul a toujours glorifié son frère et son oeuvre, il a parallèlement oeuvré pour ouvrir l'île communiste par une politique de petits pas, introduisant des réformes économiques et surtout, en rétablissant les relations diplomatiques avec Washington en 2014. Fidel Castro est resté discret sur le rapprochement opéré par son frère et il n'a pas rencontré Barack Obama lorsque ce dernier s'est rendu à Cuba en mars dernier, une première pour un président américain depuis 1928. Il a en revanche dénoncé quelques semaines plus tard l'attitude "mielleuse" de Barack Obama, rappelant aux Cubains les efforts déployés des décennies durant par les Etats-Unis pour renverser le régime de La Havane. Reclus, Fidel Castro n'exerçait ces dernières années plus aucune fonction, se contentant de publier dans la presse des commentaires évoquant les affaires du monde ou de rencontrer des dirigeants étrangers. Sa mort, qui aurait autrefois provoqué d'intenses interrogations sur l'avenir de l'île, ne devrait pas susciter la moindre difficulté dans l'immédiat, tant l'assise de son frère Raul semble solide. Âgé de 85 ans, ce dernier a promis de se retirer au terme de son mandat, en 2018, et le Parti communiste cubain a promu au Politburo une nouvelle génération de dirigeants, dont Miguel Diaz-Canel, premier vice-président en poste et héritier présumé. Réactions VLADIMIR POUTINE, président de la Russie Fidel Castro était un "exemple stimulant pour beaucoup de pays", a écrit le dirigeant russe dans un télégramme de condoléances adressé à Raul Castro. "Fidel Castro était un véritable ami de la Russie", poursuit le message relayé par le Kremlin. MIKHAIL GORBATCHEV, ancien dirigeant soviétique "Fidel a défendu son territoire et affermi son pays alors qu'il subissait un blocus américain éprouvant", a déclaré l'ancien secrétaire général du Comité central du Parti communiste d'URSS cité par l'agence Interfax. "Malgré cela, il a mené son pays sur la voie de l'autosuffisance et du développement indépendant." NICOLAS MADURO, président du Venezuela "A tous les révolutionnaires du monde, nous devons suivre son héritage et le drapeau de l'indépendance, du socialisme", a écrit le dirigeant vénézuélien sur Twitter. "Je viens de parler avec le président Raul Castro pour transmettre la solidarité et l'amour au peuple de Cuba." Puis, intervenant sur la chaîne de télévision Telesur: "Fidel Castro est un exemple du combat de tous les peuples du monde. Nous ferons vivre son héritage." RAFAEL CORREA, président de l'Equateur "Un grand nous a quittés. Fidel est mort. Longue vie à Cuba. Longue vie à l'Amérique latine !" EVO MORALES, président de la Bolivie "Fidel Castro nous laisse en héritage son combat pour l'intégration des peuples du monde. Le départ du Comandante Fidel Castro est une véritable souffrance." ENRIQUE PEÑA NIETO, président du Mexique "Je pleure la mort de Fidel Castro Ruz, chef de file de la Révolution cubaine et figure emblématique du XXe siècle", a écrit le dirigeant mexicain sur Twitter. JEAN-CLAUDE JUNCKER, président de la Commission européenne "Fidel Castro était une des figures historiques du siècle dernier et l'incarnation de la Révolution cubaine. Avec la mort de Fidel Castro, le monde perd un homme qui était pour beaucoup un héros. Il a changé le cours de l'histoire et son influence s'est propagée bien au-delà. Fidel Castro demeure une des figures révolutionnaires du XXe siècle. Il appartiendra à l'histoire de juger son héritage." FEDERICA MOGHERINI, Haute Représentante de l'UE pour la politique étrangère et de sécurité commune "Fidel Castro était un homme de détermination et une figure historique. Il meurt dans une époque de grands défis, de grandes incertitudes et de grands changements dans son pays. "En acceptant au printemps dernier l'Accord de dialogue politique et de coopération, l'Union européenne a ouvert un nouveau chapitre dans des relations qui ont toujours été solides avec le peuple cubain depuis des décennies. L'Union européenne continuera de porter cet engagement fort avec Cuba." MARIANO RAJOY, chef du gouvernement espagnol "Condoléances au gouvernement et aux autorités cubaines pour la disparition de l'ancien président Fidel Castro, une personnalité d'envergure historique", a écrit le président du gouvernement espagnol. BORIS JOHNSON, ministre britannique des Affaires étrangères "La mort de Fidel Castro marque la fin d'une ère pour Cuba et le début d'une nouvelle ère pour le peuple cubain", a écrit le secrétaire au Foreign office, sur son compte Twitter. ILLEANA ROS-LEHTINEN, élue républicaine à la Chambre des représentants aux Etats-Unis "Un tyran est mort et une nouvelle ère peut s'ouvrir sur le dernier bastion communiste de l'hémisphère occidental", a écrit la parlementaire, membre de la communauté américano-cubaine de Miami. XI JINPING, président de la Chine "Le peuple chinois a perdu un camarade proche et un ami sincère." MOHAMMAD JAVAD ZARIF, ministre iranien des Affaires étrangères "J'adresse mes condoléances au gouvernement révolutionnaire et à la nation de Cuba après la mort de son excellence Fidel Castro, le dirigeant de la Révolution cubaine et personnalité centrale de la lutte contre le colonialisme et l'exploitation et symbole de la lutte pour l'indépendance des nations opprimées", a déclaré le chef de la diplomatie iranienne cité par des médias officiels. JACOB ZUMA, président sud-africain "Le président Castro s'est identifié à notre lutte contre l'apartheid. Il a convaincu le peuple cubain de se joindre à nous dans notre combat contre l'apartheid", a dit le chef d'Etat sud-africain dans un communiqué. FRANÇOIS HOLLANDE, président français "Fidel Castro était une figure du XXe siècle. Il avait incarné la révolution cubaine, dans les espoirs qu'elle avait suscités puis dans les désillusions qu'elle avait provoquées. Acteur de la guerre froide, il correspondait à une époque qui s'était achevée avec l'effondrement de l'Union soviétique. Il avait su représenter pour les cubains la fierté du rejet de la domination extérieure", a réagi dans un communiqué le président français, qui l'avait rencontré en mai 2015 lors de sa visite à Cuba. Puis, en marge du sommet de la Francophonie à Madagascar: "Je veux, à l'occasion de la disparition de Fidel Castro, encore insister pour que l'embargo qui pénalise Cuba puisse être levé, définitivement levé et qu'il puisse y avoir une ouverture un échange et que Cuba puisse être pleinement dans la communauté internationale regardé comme un partenaire." JEAN-MARC AYRAULT, ministre des Affaires étrangères "Avec sa disparition, une page de l'histoire du XXe siècle se tourne. Elle avait été marquée par l'espoir de l'émancipation et la déception d'un système qui ne respectait pas les droits de l'Homme. "La reprise récente du dialogue avec les Etats-Unis a ouvert la voie à une fin de l'embargo américain contre Cuba, embargo que la France n'a jamais accepté. Je forme le voeu que cette évolution se poursuive, qu'elle s'accompagne d'une ouverture de ce pays au monde et d'une réponse aux aspirations du peuple cubain à la liberté." JEAN-LUC MELENCHON, candidat à l'élection présidentielle "Fidel ! Fidel ! Mais qu'est-ce qui s'est passé avec Fidel ? Demain était une promesse. Fidel ! Fidel ! L'épée de Bolivar marche dans le ciel", a-t-il écrit sur Twitter avant de se rendre à l'ambassade de Cuba pour présenter ses condoléances. JACK LANG, ancien ministre socialiste "Fidel Castro était un géant de la scène internationale. Aux yeux des militants de ma génération, il incarnait l'esprit de résistance à l'impérialisme américain et la volonté de construire par la révolution une société plus juste. (...) "Son oeuvre contrastée sera longtemps discutée ou contestée. Mais on ne peut oublier qu'il restera pour des milliers de latinos américains le Libertador, celui qui aura réussi à faire fasse opiniâtrement à la toute puissance américaine", a écrit l'ancien ministre dans un communiqué. Hollande plaide pour une levée définitive de l'embargo contre Cuba Le président français François Hollande a appelé hier à une levée définitive de l'embargo américain contre Cuba, au lendemain de la mort du père de la révolution cubaine Fidel Castro. "Je veux, à l'occasion de la disparition de Fidel Castro, encore insister pour que l'embargo qui pénalise Cuba puisse être levé, définitivement levé et qu'il puisse y avoir une ouverture un échange et que Cuba puisse être pleinement dans la communauté internationale regardé comme un partenaire", a-t-il déclaré depuis Madagascar, où il assiste au sommet de la francophonie. "J'ai toujours considéré que l'embargo était une décision unilatérale inacceptable", a-t-il précisé. Rendant hommage à Fidel Castro, François Hollande a rappelé qu'il avait "toujours voulu avec fierté défendre Cuba par rapport à toutes les pressions extérieures et notamment à ce qu'était l'embargo qui frappait son pays." Le chef de l'Etat français, qui s'était exprimé par le biais d'un communiqué en début de matinée, a salué depuis Antananarivo "une grande figure du XXe siècle", qui a "suscité beaucoup d'espoirs" mais "aussi des désillusions". Il avait déjà appelé à une levée totale de l'embargo américain contre l'île communiste lors d'une visite à Cuba en mai 2015. L'embargo américain en vigueur depuis 1962 a été assoupli en janvier 2015, sur fond de normalisation des relations entre les Etats-Unis et Cuba.