Les précipitations importantes, enregistrées mercredi soir et jeudi, nous rappellent, paradoxalement, le titre de cette comédie musicale des années 80 du siècle dernier « Singing in the rain » (Chantons sous la pluie). Mais, contrairement aux héros du film qui dansent en égrenant la célèbre chanson, les citadins de Tunis et des autres villes inondées, se battent pour traverser la chaussée ou marcher sur le trottoir, de l'eau jusqu'au mollets, si ce n'est plus, à la recherche désespérée d'un moyen de transport pour se rendre au travail, à l'école ou rentrer chez eux. Décidément, à chaque fois, les responsables, à tous les niveaux, semblent se dire que cela va passer et que cela sera de courte durée. Une politique de l'autruche, en quelque sorte ! Et les réunions des commissions régionales contre les catastrophes semblent être beaucoup plus apparentées à une mise en scène théâtrale, qu'à une intervention efficace pour remédier à un mal endémique et cyclique avec les chutes de pluie. La capitale et les villes tunisiennes se noient dans un verre d'eau ? Et même à moins dirait-on, dès lors que la pluviométrie de quelques heures inonde des cités entières. Il va sans dire que, jusqu'à ce jour, les problèmes véritables de l'infrastructure et les défaillances chroniques remontent à la surface à chaque fois. Est-ce vraiment un problème insurmontable. N'a-t-on pas réfléchi à constituer un comité ministériel ou une commission d'experts pour diagnostiquer le mal, ou chercher les causes réelles et proposer des solutions radicales. Au XXIème siècle, à l'heure des tours vertigineuses et des gratte-ciels, Tunis semble vivre au rythme de la pièce théâtrale célèbre de « Ghassalet Ennouader », une ville engluée d'eau et de boue, une ville où tout s'arrête soudain, suspendu à une éclaircie.