La pluie d'hier, et l'incapacité flagrante des réseaux d'évacuation à absober le flux d'eau, ont confirmé les appréhensions sur l'absence de véritables préparatifs permettant de canaliser réellement les eaux des premières pluies. En effet, tout comme l'année dernière et les années précédentes, il a suffi de quelques dizaines de millimètres de pluie pour voir tout le Grand Tunis en désarroi. Le Métro s'est arrêté, la circulation a été largement perturbé, des citoyens ne sont pas parvenus à rentrer chez eux, et la liste est encore longue. Pourtant, les responsables des divers services concernés n'ont pas cessé de nous affirmer que tout a été fait pour éviter ces « inondations annuelles ». Il est vraiment grand temps de mettre en place en place une stratégie qui coupe court avec ces solutions inappropriées. Les séances de travail consacrées à l'activation des plans régionaux de secours et de lutte contre les catastrophes naturelles qui se sont tenues un peu partout dans le pays, depuis le début du mois de septembre, pour se préparer, comme il se doit, à la saison des pluies, se sont avérées inefficaces, du moins pour le Grand Tunis. Les résultats se font ressentir de la façon la plus directe, hier, au cours de ce début de semaine pluvieux. C'est la vraie « Ghassalet Ennouader ». Mais, elle a été encore une fois la cause de scènes indignes d'une Tunisie qui a trop investi dans l'infrastructure. Pourtant, les quelques dizaines de millimètres de pluie n'ont rien à voir avec les crues des cours d'eau provoquées par de fortes précipitations dans la région de Msila en Algérie et qui ont emporté, ces derniers jours, huit personnes et occasionné d'importants dégâts matériels.
Inefficacité Donc, ces réunions tenues, depuis fin août, tant à Tunisqu'à Jendouba, Kairouan, et dans les différentes autres régions et les commissions régionales de lutte contre les catastrophes naturelles , composées des divers services concernés, ont entamé, ainsi, leurs programmes d'action pour la nouvelle saison, en faisant le point de la situation prévalant sur le terrain et en arrêtant les dispositions préliminaires à prendre pour assurer la sécurité des citoyens et de leurs biens et garantir les conditions propices au bon déroulement de l'activité générale. Toutes ces réunions n'ont pas été efficaces. Car, seul le résultat de l'évaluation compte.
Défaillances des systèmes d'évacuation des eaux pluviales Les interventions immédiates retenues, à cet effet, portent, notamment, sur le diagnostic de l'état de l'infrastructure de base, l'entretien des équipements mis en place, l'établissement de cartes des points noirs et des zones à risque, le curage et le nettoyage des cours d'eau, déversoirs, bassins protecteurs. Dans les agglomérations urbaines comme le Grand Tunis, l'évacuation des eaux pluviales n'est pas, encore, convenablement maîtrisée et continue de rencontrer toutes sortes de problèmes se traduisant, chaque année, comme l'année dernière, par des inondations et des accumulations anormales des eaux de pluies dans les routes et la voierie. Du coup, l'activité générale se trouve, sérieusement, perturbée. Ainsi, malgré des interventions répétées, la ville de la Goulette a droit, chaque année, à des inondations causées par le mauvais fonctionnement du système d'évacuation des eaux pluviales. Des travaux de rénovation sur des bases dites plus solides s'y déroulent, depuis plus de deux ans, mais jusqu'à l'année dernière, la situation est restée la même.
Veille et coordination entre les intervenants Les réseaux téléphoniques, électriques et d'adduction d'eau potable sont généralement affectées par ces défaillances, comme ce fut le cas l'année dernière dans la ville voisine du Kram où l'éclatement d'une conduite principale d'adduction d'eau potable a entraîné la coupure de l'approvisionnement en eau potable de toute la zone pendant deux jours, avant sa réparation. Outre les causes liées à leur vétusté, l'insuffisance des réseaux tunisiens d'évacuation des eaux pluviales provient, aussi, de l'utilisation de canaux plutôt petits de taille, pour les besoins de la cause. A cet égard, les citoyens aiment comparer ces systèmes tunisiens réduits d'évacuation des eaux pluviales aux grands systèmes en place dans les pays européens qui sont de véritables constructions souterraines. Dans cet esprit, l'accent a été mis sur la nécessité d'assurer la coordination requise entre les différents intervenants et d'accorder une importance particulière aux tâches de veille et de suivi. Justement, en Tunisie, comme partout ailleurs dans le monde, on n'est jamais assez préparé face aux aléas climatiques, d'autant qu'avec les changements planétaires à cette échelle, la régularité et la périodicité habituelles des évènements climatiques sont mises à rude épreuve. Les fortes précipitations enregistrées, l'année dernière, en Tunisie, ont , ainsi, occasionné des accumulations anormales des eaux jusque dans les villages reculés de la région désertique du Sud, dont la voierie nouvellement aménagée et goudronnée n'a plus la vertu absorbante des anciennes pistes sablonneuses.