Comme tout pays qui sort d'un désert politique de plus de cinquante ans, la Tunisie s'est retrouvée, au lendemain de sa révolution, avec une dizaine de partis politiques dont le nombre n'a cessé d'augmenter pour atteindre, aux dernières nouvelles, deux cent cinq partis. Et pourtant, nombreux ceux qui ont eu des expériences au sein de ces différentes entités et qui, au bout de leur parcours, n'arrivent toujours pas à trouver de place qui puisse leur correspondre. Le cas le plus intéressant demeure celui de l'Union patriotique libre (UPL) qui, après un large échec aux législatives de 2011, a réussi, en 2014, à récupérer un emplacement assez important sur la scène politique nationale. Ainsi, et après avoir réussi à obtenir 16 sièges à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), le parti de Slim Riahi est redescendu sur terre après s'être lancé dans un périple de mauvais choix. N'ayant plus que 11 députés à son compte, l'UPL a aussi réussi à perdre des dirigeants phares. Après Maher Ben Dhia (l'ancien ministre de la Jeunesse et du sport qui s'était fait publiquement lynché par Slim Riahi dont le club sportif qu'il préside avait alors perdu un match de foot) et Hatem Euchi (l'ancien ministre des Domaines de l'Etat), Mohsen Hassan, ancien ministre du Commerce, vient de démissionner de l'UPL et de toutes ses structures. Si Hatem Euchi avait choisi de partir tout juste après que l'UPL ait choisi de ne pas participer au gouvernement d'union nationale, Mohsen Hassan lui a donné toutes ses chances à Riahi avant de le quitter. Bien qu'en désaccord avec les méthodes de son parti, l'ancien ministre du Commerce a continué à travailler au sein de l'UPL. Il aura fallu attendre que Slim Riahi annonce que son parti est devenu officiellement opposant pour que Hassan réagisse. Après l'annonce de sa démission, ce dernier a expliqué, lors d'une déclaration radiophonique, que l'UPL se faisait manipuler par le Mouvement projet pour la Tunisie (MPT) qui fait tout pour servir, uniquement, ses propres intérêts. Pour Mohsen Hassan, et si jamais l'alliance entre l'UPL et le MPT venait à voir le jour, cela ferait disparaître, à jamais le parti. Pour Yosra Milli, membre du bureau politique de l'UPL, chargée des médias, les récentes déclarations de Mohsen Hassan s'inscrivent plutôt dans une atmosphère tendue provoquée par des tierces parties. Ne donnant pas plus de détails sur l'affaire, la déclaration de Milli nous renvoie à celle faite par Slim Riahi, il y a deux semaines de cela, lorsqu'il avait ‘prévu' la démission de Hassan expliquant que ce dernier avait un caractère assez sensible qui ne lui permettait pas de supporter les pressions externes que lui faisaient subir certains. L'UPL a toujours été critiqué pour son opacité et pour la centralisation des décisions et du traçage de sa ligne politique de la part de son président. Aujourd'hui, ce cumul de démissions qui n'est égalé que du côté de Nidaa Tounes – dont l'enjeu et la nature des crises est un peu différent de ceux de l'UPL – met le parti dans une position encore plus délicate alors qu'il mène des négociations déterminantes pour son avenir proche.