Bien qu'il existe 205 partis politiques, la scène nationale connaît un vide bien pesant alors que le pays ne cesse de glisser vers une situation des plus précaires. De ces 205 partis, quelques-uns seulement représentent une relative majorité ; Nidaa Tounes, Ennahdha, le Front populaire, l'Union patriotique libre (UPL), Afek Tounes, Mouvement projet pour la Tunisie ou encore le CPR continuent de s'accaparer les devants de la scène et ce malgré tous les problèmes internes et externes qui sont en train de nuire au rapport même de la confiance entre l'opinion publique et l'élite politique. Au cours des nombreux blocages et des nombreuses crises politiques qu'a connus le pays, certains ont évoqué deux noms qui pourraient, lors des prochaines étapes électorales, s'avérer être une sorte d'alternative aux acteurs actuels. Il s'agit de l'ancien chef du gouvernement de technocrates, Mehdi Jomaâ, et l'ancien ministre de Ben Ali, Mondher Zenaïdi. Si le premier a préféré une stratégie plutôt sobre et discrète, le second a choisi d'entrer dans le monde politique d'une manière directe en se présentant, dans un premier temps, à l'élection présidentielle de 2014. Suite à un large échec, Mondher Zenaïdi a fait profil bas pendant quelques mois le temps de s'organiser et d'annoncer la création d'une nouvelle entité politique. Ainsi, au cours du premier trimestre de 2016, des informations récurrentes ont circulé au sujet du coming-back de Zenaïdi. Certains de ses proches ont laissé comprendre que l'intéressé était en pleines négociations avec Kamel Morjane, président du parti Al Moubadara, en vue d'un rapprochement ou d'une alliance. Quelques semaines plus tard, on avait appris que Morjane était sur un autre projet totalement différent de celui qu'on avait annoncé. Al Moubadara avait mené, en avril dernier, des négociations, qui avaient fini par échouer, pour une fusion avec Slim Riahi et son parti l'UPL. En novembre 2016, Mondher Zenaïdi a présidé un rassemblement, intitulé « l'initiative des anciens de la jeunesse et des étudiants destouriens », au cours duquel il a indiqué que son nouveau projet politique sera bientôt annoncé. Sans donner de détails, l'ancien ministre s'est contenté d'expliquer que la Tunisie avait grand besoin d'un nouveau souffle politique afin d'assurer ses prochaines échéances. Depuis, plus aucune nouvelle n'a été donnée à ce sujet et le projet semble avoir été abandonné ; aucune présence médiatique et presqu'aucune interview ou déclaration, ce qui pousse à penser que, finalement, Zenaïdi a, soit laissé tomber son projet, soit qu'il peine à le mettre sur pied. Pour Mehdi Jomaâ, les choses sont un peu plus différentes puisque depuis son départ du palais de la Kasbah, il continue, d'une manière ou d'une autre, d'être présent sur la scène. Juste après son départ, l'ancien chef du gouvernement avait enchaîné les visites à l'étranger où il a été reçu en invité d'honneur tantôt dans de prestigieuses universités pour y donner des conférences tantôt au sein d'établissements officiels pour parler de l'expérience tunisienne. Cette dynamique lui a permis, au cours des deux dernières années, de garder un classement favorable dans les différents sondages d'opinion. Mais comme tout fini par s'essouffler, cette méthode de ne travailler qu'à l'extérieur a fini par s'épuiser et son nom a commencé à entrer dans l'oubli. Voulant rattraper le coup, Mehdi Jomaâ a annoncé, en août 2016, la naissance de ‘Tunisie alternatives', un groupe de Think-Tank. Nouveau, le concept n'a pas attiré l'attention de la foule et le nom choisi par l'équipe Jomaâ n'a pas vraiment aidé à simplifier la chose. Depuis, l'ancien chef du gouvernement a un peu changé de stratégie – puisque cela lui arrive de donner ses avis sur certains questions comme celle du retour des terroristes – mais tarde encore à se mouiller la chemise en annonçant, clairement, un nouveau projet politique. Pour le cas Jomaâ, les risques du report de l'annonce officielle de son coming-back politique ne sont pas moins importants que ceux de Mondher Zenaïdi : il ne suffit pas seulement de voir les partis politiques actifs perdre en confiance pour garantir un retour gagnant.