Cela se ressent de plus en plus depuis les élections de 2014 : la classe politique est réelle perte de vitesse aux yeux de l'opinion publique. Tous les sondages d'opinions et tous les micros trottoirs l'affirment, le Tunisien a perdu confiance en elle... Quelques-uns l'ont compris et tentent de trouver une nouvelle formule pour redorer son blason : Mehdi Jomaâ et Ahmed Néjib Chebbi se sont, tous deux, lancés dans l'expérience des groupes de réflexion. Pour l'ancien candidat à l'élection présidentielle, ‘Siakat', son groupe de think-tank, a été annoncé il y a quelques mois de cela. De son côté, Mehdi Jomaâ préfère encore maintenir le suspense. Pour les autres, la formation d'un parti politique reste le seul moyen d'être actif sur la scène politique nationale. Toutefois, l'idée de fusion commence à pointer le bout de son nez. Le Courant démocratique, l'Alliance démocratique et Ettakatol En marge de la tenue de son congrès exceptionnel dans la ville de Kairouan, le Courant démocratique a étudié la possibilité de fusionner avec d'autres partis à l'instar d'Ettakatol ou encore de l'Alliance démocratique. Le secrétaire-général du parti, Mohamed Abbou, a expliqué que son parti a déjà entamé des discussions avec les partis concernés pour fonder une formation politique unie basée sur les principes de la transparence. Cependant, il reste tout-de-même la possibilité que le Courant démocratique demeure un parti indépendant mais qui serait en totale coordination avec les deux autres partis dans tout ce qui concerne les questions nationales importantes. En dépit des faibles résultats obtenus lors des dernières élections législatives, le Courant démocratique est en train d'améliorer ses activités. Ayant déjà choisi son thème principal – en l'occurrence, la lutte contre la corruption et la bataille pour la transparence de l'Administration – le Courant a réussi à s'imposer en tant que parti ayant un plan clair. En cas de fusion avec Ettakatol ou l'Alliance démocratique, le Courant n'aura rien à perdre puisqu'il ne fera qu'absorber ces deux formations qui sont sur le point de disparaître de l'échiquier politique national. CPR/MTV : je t'aime, moi non plus ! Nous l'avons déjà annoncé la semaine dernière : la guerre est déclarée entre le Congrès pour la République et la Mouvance Tunisie Volonté. Après la tenue d'un congrès national exceptionnel, il a été décidé de la fusion du CPR avec Al Irada. Le hic c'est que deux les figures historiques du CPR, à savoir Samir Ben Amor et Abdelwahab Maâtar, continuent à s'y opposer fermement et à crier au hlod-up que tentent de faire Marzouki et ses compagnons. Rappelons ici que cette fusion a été décidée et annoncée alors qu'Al Irada n'a même pas obtenu son visa. Bien qu'Al Irada ne soit qu'une simple et pathétique reproduction du CPR, certains continuent à s'entêter en défendant, ongles et becs, le parti ‘historique' grâce auquel Moncef Marzouki a réussi à obtenir le titre de président provisoire de la République. Suite à un bilan catastrophique, et en fin calculateur et opportuniste politique, Marzouki a fini par sacrifier son propre parti pour se relancer dans la politique avec une page blanche. Fusion ou pas fusion, le CPR et Al Irada sont destinés à garder leur statut d'agitateurs politiques sans avoir la compétence d'atteindre le statut de politiciens politiques. Mondher Zenaïdi loin des fusions, tout près des jeunes L'ancien ministre sous le régime de Ben Ali n'a pas baissé les bras après son fracassant échec à l'élection présidentielle. Bien au contraire, Mondher Zenaïdi s'apprête à annoncer la création de son nouveau parti – qui s'intitulera, certainement, le parti socio-démocrate – et a déjà choisi son slogan : les jeunes. Suite à de multiples réunions et rencontres tenues dans presque toutes les régions de la République durant tout le mois dernier, les anciens jeunes et étudiants destouriens ont annoncé leur décision d'intégrer officiellement l'initiative nationale coordonnée par l'ancien ministre, Mondher Zenaïdi, qui aurait décliné l'invitation de Mohsen Marzouk pour son nouveau projet politique. S'il existe quelques autres formations destouriennes – à l'instar du parti de Kamel Morjane ou encore de celui d'Abderrahim Zouari – il semblerait que Mondher Zenaïdi préfère faire cavalier seul et miser sur les jeunes et les moins jeunes insatisfaits. Marzouk, trop pressé pour chercher une fusion A l'aube de l'évolution de la crise du mouvement Nidaa Tounes, Mohsen Marzouk avait rencontré quelques figures destouriennes, cherchant, à l'époque, une certaine légitimité. Aujourd'hui que ‘son' initiative est lancée, et en dépit des quelques contacts établis avec différentes personnalités nationales, l'ancien secrétaire-général de Nidaa Tounes semble vouloir aller de l'avant sans se soucier des alliances qu'il peut perdre en route. Ayant déjà perdu quelques-uns de ceux qui le soutenaient – comme Lazhar Akermi qui avait même démissionné de son poste de ministre pour suivre Marzouk dans son projet – Marzouk fait aujourd'hui objet de critiques virulentes pour son ‘entêtement' et sa tendance à s'accaparer le nouveau projet éloignant ainsi tous ceux qui l'ont aidé à mettre les premières bases. Tahar Ben Hassine a écrit à ce sujet que Mohsen Marzouk risque de se retrouver leader du nouveau projet, mais sans avoir personne à ses côtés. De leur côté, quelques députés démissionnaires du bloc de Nidaa Tounes nous ont confié qu'ils ne seraient d'accord pour rejoindre le bloc d'Al Horra que lorsque la nouvelle initiative sera renforcée par de nouvelles figures politiques nationales. Alors que la Tunisie est guettée par le danger d'une probable intervention militaire étrangère en Libye, sa classe politique continue à chercher, désespérément, le moyen de renouer avec le large public. Entretemps, le rendement du gouvernement, de la présidence de la République, du Parlement et de l'opposition produit l'effet inverse et accentue cette crise de confiance.