Le Temps-Agences - La Cour suprême du Pakistan purgée par les soins de Pervez Musharraf a rejeté hier les actions légales engagées contre le général-président, ouvrant à ce dernier la voie pour un nouveau mandat de cinq ans, cette fois en tant que chef d'Etat civil uniquement. Les élections législatives sont fixées au 8 janvier. L'opposition conteste la légitimité de la nouvelle Cour au motif qu'un tribunal vidé de magistrats indépendants ne possède aucune crédibilité. Pervez Musharraf a en effet fait remplacer les magistrats les plus gênants après l'instauration de l'état d'urgence le 3 novembre. L'opposant et ancien champion de cricket Imran Khan, emprisonné à Lahore, dans l'Est du pays, a d'ailleurs entamé une grève de la faim hier pour exiger le rétablissement des juges dans leurs fonctions, selon son ex-femme Jemima Khan, qui vit à Londres avec leurs deux fils. La validation de l'éligibilité de M. Musharraf hier pourrait satisfaire l'une des exigences de l'opposition, mais peut-être trop tard. Car le général avait promis de démissionner de son poste de chef des armées quand la Cour suprême aurait validé sa victoire à la présidence et cela pourrait être le cas dans les prochains jours. Hier, le président de la plus haute juridiction Abdul Hameed Dogar a rejeté trois recours contre la victoire de M. Musharraf à l'élection du 6 octobre. Il a expliqué que deux avaient été "retirés" au motif que les avocats de l'opposition n'étaient pas présents au tribunal. Le troisième a été retiré par un avocat du PPP qui a invoqué l'illégitimité de la cour. "Nous avons demandé que (l'affaire) soit repoussée à plus tard car il n'y a pas de Constitution", a déclaré Mme Bhutto à la presse à Karachi après un entretien avec l'ambassadeur américain. Elle a ajouté qu'elle ne prévoyait pas de relancer les négociations avec Pervez Musharraf en vue d'un partage du pouvoir. Celles-ci avaient été interrompues avec l'instauration de l'état d'urgence. La Cour suprême a précisé qu'elle statuerait après-demain sur le cas d'un homme dont la candidature à l'élection présidentielle du 6 octobre a été rejetée par la commission électorale.