Les professeurs des collèges et lycées publics ont observé, hier, une grève générale en signe de protestation contre « le lancement du processus de privatisation du système éducatif et le manque de concertation sur les réformes engagées par le ministère. » Selon le syndicat général de l'enseignement secondaire, cette grève a été bien suivie sur l'ensemble du territoire. «Le taux du suivi du débrayage qui s'inscrit dans le cadre d'une série de mouvements organisés par les professeurs en signe de protestation contre la politique du ministre de l'éducation a atteint 98% à l'échelle nationale en dépit des campagnes de dénigrement menées par le ministère», a souligné Fakhri Smiti le secrétaire général de ce syndicat rattachée à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). «Les professeurs ont débrayé massivement pour défendre la dignité de l'enseignant, préserver l'institution éducative publique gratuite et démocratique et s'opposer au projet de privatisation du système à travers la création d'un Office des services scolaires», a-t-il ajouté. M. Smiti a également fait savoir que les réformes du système éducatif engagées par l'actuel ministre de l'Education, Néji Jalloul, telles que la nouvelle organisation du temps scolaire et le nouveau système d'évaluation «ne sont pas fondées sur la concertation » avec les syndicats et ne visent qu'à «mettre en application les recommandations des bailleurs de fonds internationaux», Fonds monétaire international (FMI) et Banque mondiale en tête. «Les réformes annoncées jusqu'ici sont pour le moins boiteuses dans la mesure où elles ont été décidés de manière unilatérale par un ministre qui cherche à construire un capital politique au lieu d'engager de vraies réformes éducatives», a-t-il dit, indiquant que la privatisation des services scolaires (repas dans les cantines, NDLR) porte atteinte au principe de la gratuité de l'enseignement public. Les enseignants réclament, par ailleurs, l'application de plusieurs accords conclus précédemment avec le ministère de la Jeunesse et des sports. Une grève étonnante selon le ministère Du côté du ministère de l'Education, on assure que la grève organisée hier à l'appel du syndicat été peu suivie, notamment dans les établissements situées dans les gouvernorats du Grand Tunis (Ariana, Ben Arous, La Manouba, Tunis). «Le mot d'ordre de grève lancé par le syndicat général de l'enseignement secondaire n'a pas été entendu dans de nombreux établissements situées dans le Grand Tunis, où les cours se sont poursuivis normalement», a précisé une source autorisée au sein du ministère. «Cette nouvelle grève qui coïncide avec la période d'examens est d'autant plus étonnante que les enseignants ont obtenu mercredi dernier des promotions qui leur permettent de bénéficier d'augmentations salariales dont les montant varient entre 79,5 et 131,5 dinars », a ajouté cette même source. Pour rappel, une série de grèves régionales ont été organisées entre le 15 et le 28 décembre par les syndicats de l'enseignement primaire et secondaire pour réclamer le versement des dus financiers des enseignants et dénoncer le gel des recrutements dans la fonction publique. Les deux syndicats ont, par ailleurs, appelé leurs adhérents à participer massivement à un rassemblement de protestation prévu le 12 janvier devant le ministère de l'Education puis devant le Palais du Gouvernement à la Kasbah pour défendre l'école publique et le lancement d'une réforme éducative basée sur une concertation effective.