La date de la disparition subite et inattendue du grand poète de la chanson tunisienne Ridha Khouini le 12 janvier 2015 est passée presque inaperçue dans nos médias, à l'exception d'une rediffusion d'un petit programme sur la chaîne de télévision publique « Wataniya 1 » qui lui rendait hommage au lendemain de sa mort. Pourtant, Ridha Khouini a été le parolier le plus prolifique de l'histoire de la chanson tunisienne durant plus de soixante années avec plus de trois mille œuvres écrites pour sept générations d'artistes de Tunisie, d'Algérie, du Maroc, de Libye, d'Egypte et de chanteurs arabes de la diaspora, particulièrement en France. Car « Si Ridha », comme l'appelaient ses pairs et ses amis, avait commencé précocement à s'adonner à la poésie, à l'âge de onze ans. Depuis la commémoration du quarantième jour de sa mort, organisé par la délégation régionale de la culture du gouvernorat de Tunis, à la maison de la culture Ibn Rachik, notre poète est tombé dans les oubliettes. Et très rarement sur les ondes de la radio nationale, on rappelle qu'il défendait à fond et parfois à cor et à cri la chanson tunisienne pour laquelle il avait voué son existence. Ridha Khouini sonnait les alertes auprès de la radio, de la télévision et particulièrement auprès du ministère des affaires culturelles pour apporter une aide urgente aux artistes qui passaient par de mauvaises périodes. Le côté humain prévalait chez lui, si bien qu'il ne s'était pas occupé de lui-même au niveau de sa santé devenue quelque peu fragile. « Si Ridha » ne parlait jamais de lui-même aux autres, sauf à ses amis intimes. Pourtant, il a eu à supporter et à assumer moult malheurs et crises dans son milieu familial. Cet homme d'exception était parmi les fondateurs de l'actuel Organisme tunisien pour les droits d'auteurs et des droits voisins (OTDAV). Il était, d'un autre côté, membre d'organismes de droit d'auteur, un domaine qu'il défendait jour et nuit. Il était, de ce fait, membre de la SACEM et de ses organismes connexes. On ne redira jamais assez que Ridha Khouini a écrit pour près de cent cinquante chanteurs. Sa perte reste irréparable. Et plusieurs de ses amis chanteurs de l'ancienne génération n'arrivent toujours pas à croire qu'il avait tiré sa révérence. Paix à son âme ! l restera toujours présent dans les cœurs de ceux qui l'ont côtoyé et aimé.