Réunie dans la soirée de mercredi 8 février, la commission administrative du syndicat général des médecins, pharmaciens et dentistes de la santé publique a lancé un mot d'ordre de grève pour le 23 février en vue de dénoncer les campagnes de dénigrement visant le corps médical et d'accélérer l'adoption et la promulgation d'une loi tant attendu sur la responsabilité médicale. «Nous réclamons l'adoption de la loi relative à la responsabilité médicale , qui représente une protection pour le médecin et une assurance pour le patient, ainsi que l'arrêt des poursuites judiciaires contre nos confrères », a déclaré Sami Souihli, le secrétaire général de ce syndicat rattaché à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), en référence à l'arrestation d'un médecin à Gabès pour une erreur de transfusion sanguine ayant entraîné la mort d'un patient et d'une résidente accusée de négligence ayant entraîné la mort d'un nouveau-né de 6 mois à l'hôpital Farhat Hached de Sousse. Des centaines de médecins hospitalo-universitaires, de médecins de libre pratique et d'étudiants en médecine ont manifesté mercredi devant le palais du gouvernement à la Kasbah et dans plusieurs autres régions du pays réclamant d'accélérer la soumission de la loi sur la responsabilité médicale au Parlement. Les protestataires ont dénoncé une campagne de diabolisation des blouses blanches et appelé les autorités à ne plus incriminer les erreurs médicales. Différents slogans ont été scandés dans ce cadre, dont «médecins en prison, terroristes à la maison» «médecins menacés, soins limités », «médecin et non assassin» et «lâchez le médecin cherchez qui a tué Belaïd». Un hommage a été également rendu pour le médecin urgentiste à l'hôpital régional de la délégation de Bouhajla, décédée en plein exercice de ses fonctions. La mobilisation des médecins, toutes catégories confondues, semble déjà avoir porté ses fruits. Le ministère de la Santé a appelé hier tous les médecins de la santé publique, à rejoindre immédiatement leur lieu de travail, assurant que les revendications de la corporation seront satisfaites. «Le projet de loi relatif à la responsabilité médicale sera soumis à l'Assemblée des Représentants du peuple (ARP) dans les plus brefs délais », a assuré la directrice générale de la santé auprès du ministère de la Santé, Nabiha Borsali, qui a lancé cet appel, hier. De son côté, le président de l'ARP, Mohammed Ennaceur, a assuré mercredi à des représentants des syndicats des médecins hospitalo-universitaires, des médecins de la santé publique et des médecins du secteur privé qu'une priorité absolue sera accordé au projet de loi en question qui devrait définir clairement l'erreur médicale. Actuellement un vide juridique existe en la matière et les juges exigent que le médecin apporte lui-même les preuves sur l'absence erreur médicale de sa part.