Un débat national sur le secteur du tapis et de l'artisanat vient d'être relancé lors d'un colloque organisé le 23 février 2017 par le ministère du Tourisme et de l'Artisanat dans un hôtel de la banlieue nord ; un débat qui fait écho à une décision issue d'un conseil ministériel, (février 2016), consacré à la promotion du secteur de l'artisanat et à l'issue duquel, quatre axes principaux ont été définis quant à la réalité et les perspectives de développement du secteur. Ces axes ont porté sur la formation et la compétence professionnelle ; la qualité des matières premières et l'approvisionnement des artisans ; la création et l'innovation ; la promotion et la commercialisation. Le tapis et tissages ras, produit phare de l'artisanat tunisien et vecteur incontournable de développement local et régional, connait actuellement des difficultés structurelles. Un effort de réhabilitation et de relance s'impose plus que jamais. En effet, selon les spécialistes du domaine, la décadence de la contribution du secteur de l'artisanat à l'effort de développement économique et social de la Tunisie, est le résultat d'une longue période de marginalisation des activités artisanales ; une situation qui remonte à l'époque du protectorat et qui s'est poursuivie après l'indépendance. Selon les participants au colloque, la production des principales branches artisanales a chuté d'une façon alarmante, engendrant l'évaporation de milliers d'emplois et de revenus. D'après les statistiques, la production n'atteint pas actuellement, les 10% des volumes enregistrés durant les années quatre vingt. Le problème, c'est que dans nos murs, l'artisanat a été toujours à la marge des choix stratégiques de développement. Et contrairement à d'autres pays, tels que le Maroc, la Turquie ou l'Iran qui ont réussi à maintenir l'artisanat le rôle qui lui sied en tant que vecteur d'emplois et de stabilité sociale, la Tunisie a opté pour une économie de transformation manufacturière, de tourisme et des services. Les activités artisanales étaient perçues en tant qu'activités résiduelles de dernier recours en l'absence d'autres, industrielles, touristiques ou agricoles. Ainsi, les diagnostics des diverses branches artisanales ont révélé des défaillances majeures impactant les facteurs clefs du secteur et constituant des goulots d'étranglement à son développement, à savoir, une faible qualification de la main d'œuvre, l'inexistence de structures de valorisation des matières premières et matériaux locaux, ainsi que l'absence d'innovation et d'adaptation des produits aptes à répondre aux attentes des marchés. Un partenariat prometteur... Le secteur des tissages et du tapis sera fort d'une convention de partenariat établie entre les ministères du Tourisme et de l'Artisanat et celui des Affaires de la femme, de la famille et de la Jeunesse qui porte sur un programme triennal, ( 2017, 2018, 2019), d'encadrement et de lancement de projets au profit de deux artisanes de 13 Gouvernorats : Kasserine, Gafsa, Le Kef, Jendouba, Siliana, Sidi Bouzid, Médenine, Kairouan, Mahdia, Tataouine, Tozeur, Kebili et Gabes. Une convention de partenariat dont le budget qui lui a été alloué, s'élève à deux millions de dinars et qui devrait aboutir à la création de 58 unités pilotes de production et fournir plus de 3500 emplois. Il est à noter que la tenue du colloque national sur la relance des tapis et tissages artisanaux, a coïncidé avec la célébration du dixième anniversaire du centre technique des tapis et des tissages qui sera désormais doté de nouveaux espaces d'exposition permanente des produits de l'artisanat, des tissages et des tapis, qui seront ouverts et accessibles aux artisans de toutes les régions du pays.