Le secteur est à 10% de sa capacité de production habituelle En marge de la tenue hier à Gammarth de la conférence nationale sur le tapis et le tissage, La Presse s'est entretenue avec M. Taoufik Mediouni, directeur général du Centre du tissage et du tapis qui, d'emblée, ampute la chute du secteur du tapis et du tissage notamment au faible accès à une matière première de qualité et conforme aux normes. Quelles sont les raisons de la chute du secteur du tapis et du tissage ? Le secteur du tapis et du tissage était le premier segment parmi les métiers de l'artisanat avec 70% de la population artisanale active et une proportion conséquente en matière de production et d'export. Aujourd'hui le secteur est à peine à 10% de sa capacité de production habituelle. La chute du secteur est principalement due à 4 facteurs, à savoir : - Le faible accès à une matière première de qualité et conforme aux normes. - Le manque de compétences, dû à l'absence d'un créneau de formation comme c'est le cas dans d'autres secteurs, mais également à la faible rémunération des artisanes, ne dépassant pas les 100 dinars par mois. - Le manque d'innovation, dans la mesure où les opérateurs du tapis ont généralement gardé le schéma classique de la production du tapis, alors que les goûts, la mode et la décoration sont en évolution continue et nécessitent une adaptation réactive des produits de tissage et du tapis. - Enfin, au niveau de la commercialisation, le secteur ne bénéficie d'aucun soutien. Et comme vous le savez, aujourd'hui, le marketing utilise beaucoup de techniques et le volet commercial a développé plusieurs outils de facilitation, comme les crédits à la consommation, les facilités de paiement. Mais le secteur du tapis n'en bénéficie pas... Qu'attendez-vous donc de l'organisation de cette conférence ? Permettez-moi de rappeler qu'en 2010, une étude a été menée pour promouvoir le secteur du tapis et du tissage. Mais, malheureusement, cette étude est restée dans les tiroirs à cause du contexte par lequel est passé le pays. Aujourd'hui, le ministère du Tourisme et de l'Artisanat, avec Mme Salma Elloumi, a rouvert le dossier. Et un conseil ministériel a examiné les principales dispositions de cette étude. Suite à quoi, il a été décidé d'organiser cette conférence, où toutes les parties concernées ont été invitées à intervenir et y participer, dans le but de réexaminer le dossier et d'échanger les points de vue, et partant à formuler les recommandations susceptibles de relancer le secteur. Nous avons enregistré la participation de 365 personnes, soit plus de 90 participant dans chaque atelier. Et plusieurs recommandations ont pu être dégagées. Lesquelles recommandations seront examinées lors d'un deuxième Conseil ministériel et l'on s'attend à ce que le gouvernement prenne des mesures en faveur du tapis et du tissage. A votre avis, de quoi le secteur a-t-il besoin pour retrouver son essor ? Aujourd'hui, le Centre technique fête son 10e anniversaire et, à mon avis, pour avoir plus de souplesse et plus de fonds à réinjecter dans le secteur, on a besoin que ce centre évolue vers une structure qui prenne en considération les spécificités du secteur, une sorte d'agence comme le Cepex, qui sera en mesure de donner plus d'incitation au secteur privé à investir dans ce métier artisanal et artistique...