Que reste-t-il de la grève des magistrats ? Les magistrats en sont à leur troisième grève au cours de cette année, pour protester contre une situation qui semble ne pas bouger d'un iota. L'indépendance de la justice ? garantie par la Constitution elle est censé être concrétisée dès la création du nouveau Conseil supérieur de la magistrature dont les membres ont été pour la plupart élus démocratiquement. Mais il n'est toujours pas fonctionnel pour des raisons de procédure non encore accomplie. La Cour constitutionnelle ? toujours pas instituée, puisqu'il y a 4 parmi ses membres choisis par le Conseil supérieur de la magistrature. Or on attend encore que ce dernier soit installé. Et c'est pour le moment le statu quo en attendant Godot. Cela dit, « La crise engendrée par la mise en place du conseil supérieur de la magistrature (CSM) ne doit pas faire de l'ombre à la réalité de la dureté du travail dans les tribunaux ainsi que les difficultés matérielles auxquelles sont confrontés les magistrats, car les deux questions sont importantes et restent liées au principe d'indépendance de la magistrature et au droit d'avoir une justice équitable » a notamment déclaré Raoudha Karafi présidente de l'Association des magistrats tunisiens (AMT) C'est ce qui explique la grogne des magistrats. Que reste-t-il toutefois, après la dernière grève de deux jours soit le 8 et le 9 mars ? Rien que deux banderoles toujours affichées sur la grille extérieure du palais, où on peut lire en arabe sur l'une et en français sur l'autre, l'annonce d'une grève générale de deux jours pour protester contre la situation matérielle des magistrats et les conditions déplorables des tribunaux. Et la vie continue, comme si de rien n'était, comme si tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes. La réalité ? elle est tout autre ; la vérité ? personne ne pourrait prétendre la connaître, et surtout pas le justiciable qui ne demande rien d'autre que de préserver ses droits. Et pourtant elle tourne ! Du tribunal du Kef au tribunal de Béja.. La grogne des avocats L'histoire a commencé en mars 2015, lorsque des avocats avaient récusé un juge dans une affaire où ils étaient constitués, dans l'intérêt des justiciables. Ayant considéré l'attitude des avocats comme un outrage à magistrat et un trouble à l'ordre public, le procureur de la République a engagé une action dans ce sens contre cinq avocats lesquels ont été dernièrement convoqués par le juge d'instruction près le tribunal de Béja, le 10 mars dernier. L'affaire a été renvoyée pour le 21 avril prochain afin de permettre aux avocats de rassembler les moyens de leur défense. Le juge dont les avocats avaient demandé la révocation les avaient qualifiée, sur les réseaux sociaux de « courtiers »et le bâtonnier de « super commerçant», (en parlant de l'ancien bâtonnier à l'époque, les faits étant de 2015) Ameur Meherzi,bâtonnier de l'ordre national des avocats au Temps : « Nous serons présents le 21 avril prochain pour défendre nos confrères, dans le cadre de la déontologie et de ce que nous dicte notre devoir. Nos confrères ont agi conformément aux règles de la procédure et les allégations du juge en question sont dénuées de tout fondement. Quant à ses déclarations par lesquelles il taxe l'ancien bâtonnier de commerçant, et les avocats de courtiers, elles ne sont pas dignes d'un magistrat responsable qui est tenu de l'obligation de réserve, et c'est le moins qu'on puisse dire. Il y aura certainement des résolutions qui seront prises, face à ces diffamations qui sont de nature à porter atteinte à l'image de l'avocat qui est un collaborateur de justice » Nécrologie Nous faisons part du décès -Du père de Me Najoua Ghazouani, avocate à Tunis. Le défunt a été inhumé le 28 février dernier. -De la mère de Me Fakher Belghith, avocat à Tunis. La défunte a été accompagnée, vendredi dernier à sa dernière demeure au cimetière de Sfax. Puisse Dieu Le Tout Puissant, leur accorder Son infinie Miséricorde et les accueillir en Son éternel Paradis.