Le secteur de la santé est de nouveau en ébullition. Après une courte trêve, voici que débute une nouvelle vague de mouvements protestataires, initiée cette fois-ci par les médecins anesthésistes et réanimateurs officiant dans les cliniques privées qui observeront aujourd'hui et demain une grève en vue d'obtenir la libération de leur confrère Slim Hamrouni, arrêté depuis le 3 février, ainsi que l'acceptation des revendications communes à tous les professionnels de la santé. Un rassemblement de protestation est prévu à dix heures aujourd'hui devant le ministère de la Santé, suivi d'une assemblée générale regroupant médecins, pharmaciens et dentistes à la faculté de médecine pour débattre de la marche à suivre jusqu'à la réalisation de leurs demandes. Une grève générale n'est pas à ce propos exclue. Médecin anesthésiste, Slim Hamrouni est en prison, ainsi qu'un infirmier, Salah Abdellaoui, suite au décès d'un des patients de la clinique privée de Gabès dans laquelle tous deux travaillaient jusqu'en février dernier. Suspectant une erreur médicale, le juge a ordonné leur détention jusqu'à leur procès. Quelques jours après, le médecin est victime d'un AVC et est transféré d'urgence au centre de détention de l'hôpital militaire. Selon ses confrères, il aurait été transporté, menottes aux pieds, pour se faire soigner. Début mars, l'état de santé du médecin se dégrade et il est de nouveau victime d'un accident cardio-vasculaire. Ayant respecté jusque là la trêve imposée par sa famille, ses confrères se trouvent aujourd'hui dans l'obligation de hausser le ton pour obtenir, avant toute chose, sa libération. Membre de l'union tunisienne des médecins libéraux, Dr Maher Abassi s'est insurgé, hier lors de la conférence de presse commune des trois syndicats de santé, de la détention de son confrère en absence de preuves irréfutables d'erreur médicale. Il a déclaré à ce propos : « Le juge d'instruction n'a pas ordonné de rapport d'expertise. Il s'est uniquement fié au rapport du médecin légal. Or le rapport d'expertise, une fois réalisé, a prouvé que la mort du patient n'est même pas due à l'erreur de groupe sanguin lors de la transfusion. » Secrétaire général du Syndicat des médecins et pharmaciens, Habiba Mizouni a quant à elle énuméré les principales revendications des professionnels de la santé par le biais de ce mouvement de protestation. Elle déclare que la libération du Dr Slim Hamrouni ainsi que de l'infirmier Salah Abdellaoui figure en tête des priorités. Elle ajoute que la loi sur la responsabilité médicale et les droits des patients doit être adoptée en urgence pour prévenir la répétition de tels scénarios à l'avenir. Elle estime qu'en attendant l'entrée en vigueur de cette loi, il est capital d'adopter en urgence des mesures transitoires mettant fin à la détention des professionnels de la santé dans le cadre de poursuites pour fautes professionnelles non encore établies et confirmées. Elle ajoute qu'il est également primordial de mettre en place un vrai statut pour les résidents et les internes et d'élaborer un système national de normes de soins conformes aux exigences de sécurité des patients et de dignité de l'exercice médical. Lors de la conférence de presse d'hier, l'ancienne ministre de la Santé a également pointé du doigt le manque de réactivité du ministère, peu enclin d'après elle aux réformes. Tozeur Grève du personnel hospitalier Les activités dans les établissements publics de santé dans le gouvernorat de Tozeur ont été paralysées, hier matin, à cause d'une grève régionale organisée par le personnel de la santé et un sit-in observé à l'hôpital régional de Tozeur. Les protestataires se sont rassemblés par la suite devant le siège de la direction régionale de la santé pour contester la peine de prison prononcée contre trois des agents après une plainte déposée par un citoyen. Selon Tarek Knouzi, secrétaire général des agents du syndicat de base de la santé à Tozeur, ce mouvement de protestation fait suite à une série de mouvements organisés samedi pour attirer l'attention de l'autorité de tutelle l'appelant à assurer une protection juridique au personnel de la santé qui font face à de multiples menaces. Il a rappelé que les fautes commises dans les établissements de santé sont causées essentiellement par un manque d'équipement et de matériel et l'absence de médecins spécialisés ce qui confirme, a-t-il estimé, une intention de mettre en péril le secteur public de la santé. Le secrétaire général du syndicat de base de la santé a appelé à accélérer les procédures pour adopter une loi qui protège l'agent de la santé publique et de réhabiliter ce secteur vital, notamment pour les personnes nécessiteuses.