Après avoir poussé le bouchon un peu loin en décrétant la suspension des cours à partir du 27 mars pour réclamer le limogeage du ministre de l'Education Néji Jalloul, le syndicat de l'enseignement secondaire semble jouer la carte de l'apaisement. C'est du moins ce que laisse croire un communiqué publié dimanche par ce syndicat en réponse au refus de la suspension des cours exprimé par le Bureau exécutif de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT). Le trépignant secrétaire général du syndicat, et ses «camarades» ont certes exprimé leur attachement à la décision issue de la rencontre des régions et relative à la suspension des cours dans les collèges et lycées à partir du 27 mars 2017, mais le ton du communiqué était conciliant, voir diplomatique. «La position du Bureau exécutif, contraire à la décision du syndicat, illustre l'un des aspects du combat démocratique au sein de l'organisation syndicale (...) Nous rejetons les déclarations impulsives et offensives ainsi que les appels au retrait de l'UGTT. Au vu de la conjoncture délicate, il importe d'unifier les rangs et de s'attacher davantage à l'UGTT afin de faire face aux orientations impopulaires » peut-on lire. Le syndicat a, d'autre part, convoqué une «rencontre des régions» pour aujourd'hui, mardi 21 mars.Tout porte donc à croire que le très remuant syndicat qui multiplie depuis plusieurs mois les sit-in, les rassemblements et les grèves est en train de chercher une porte de sortie de la crise. Il s'est en quelque sorte trouvé au pied du mur après le refus de la direction de la centrale syndicale d'adresser un préavis de grève illimitée dans les collèges et les lycées au ministère de l'Education dans les délais réglementaires. Le code du travail stipule que le préavis de grève doit être adressé par le Bureau exécutif de l'UGTT au ministère concerné dans un délai minimum de 10 jours avant la date fixée pour le débrayage. Dans le cas de la grève ouverte annoncée par le syndicat de l'enseignement secondaire, cette date butoir a été dépassée le vendredi 17 mars 2017. Autant dire qu'une éventuelle suspension des cours à compter du 27 mars sera illégale et exposera les grévistes et le syndicat aux sanctions prévues par la loi. Sur un autre plan, toute suspension des cours sans l'aval de la direction de l'UGTT exposerait les dirigeants du syndicat de l'enseignement secondaire à des sanctions conformément au règlement interne de l'organisation ouvrière. Une telle décision provoquerait aussi une grave crise interne au sein de la centrale syndicale et ternirait son blason. Selon des sources syndicales, la direction de l'UGTT mène d'intenses tractations avec le Chef du gouvernement Youssef Chahed et ses conseillers en vue d'une solution concertée à la crise. L'intérêt se porte dans ce cadre sur la limitation des prérogatives de M. Jalloul. Outre le retrait du dossier des négociations avec les syndicats à l'actuel ministre, l'idée de la désignation d'un secrétaire d'Etat chargé de la réforme de l'Education fait son chemin.