Faut-il réinventer la « technocratie » comme pont de passage obligé vers la politique... ! M.Mehdi Jomaâ, ancien Premier ministre et patenté « technocrate » de haut niveau, semble vouloir le faire en lançant son « alternative tunisienne » sous forme de parti « Al Badil » ! Il faut dire que cette vague d'implication politique de la technocratie a été universelle, deux décennies après la fin de la deuxième Guerre mondiale, avec le vieillissement de la classe politique occidentale des alliés. M. Valéry Giscard D'Estaing, a ouvert le bal en France et même en Europe pour prendre la relève du grand Charles de Gaulle et son dauphin Georges Pompidou. Cet ancien inspecteur des finances de profession, a fait quand même son apprentissage auprès de l'homme de l'appel du 18 juin 1940 et libérateur de la France de l'occupation nazie, en passant quatre bonnes années à la tête du ministère des Finances et de l'Economie de l'Hexagone, puis encore, cinq ans avec Georges Pompidou, président, dans le même poste avant de créer le parti des « Républicains indépendants », briguer la présidence tricolore et battre un vieux briscard du gaullisme pur sang, feu Jacques Chaban-Delmas. Alors, notre Mehdi Jomaâ « national », peut-il rivaliser de talent et d'opportunisme politique – technocratique, pour battre les vieux briscards de Nida Tounès, du Machrou de M. Mohsen Marzouk ou même d'Ennahdha, qui veut piocher de plus en plus en territoire « destourien » et du « centre » ! Tout est possible, mais il va falloir peut être réinventer aussi une nouvelle Troïka, le scrutin électoral aidant. En effet, le « centre » se rétrécit de plus en plus avec tous ces prétendants qui ne se veulent plus « nidaïstes » ou « gauchistes » hors circuit ou « islamistes » prononcés jouant timidement l'évolution vers la démocratie civile, mais très jaloux de leur spécificité islamiste politique radicale encore très amarrée au courant « frères musulmans » d'Egypte et de Turquie. M.Mehdi Jomaâ peut encore entamer sa campagne de charme en direction des « destouriens » ou ce qu'il en reste, absorbés de toute part, par le Nida, Ennahdha, le Machrou (excusez-moi, j'arrive difficilement à l'écrire en français) ou les moins volumineux comme Afek et encore plus Al Moubadara, totalement décevante pour les anciennes masses destouriennes et bourguibiennes du fait de continuer à jouer toujours profil bas, alors que le Néo-destour de Bourguiba symbolise l'audace et la vaillance. Mais là encore, il faut « politiser » le discours en direction de cette masse destourienne soumise au silence parce qu'elle a cru au miracle Nida Tounès, seul capable avec BCE de battre Ennahdha de Ghannouchi... et il l'a fait ! Vouloir y aller seul, ne passera pas aisément à notre humble avis. Par conséquent, récupérer tous ceux et surtout celles qui ont cru à pas mal de promesses et de « mirages », serait déterminant pour le nouveau né « Al Badil », pour se positionner et avoir une part du « marché politique ». Encore, faut-il que M. Mehdi Jomaâ se politise un peu plus comme M. Valéry Giscard D'Estaing en France, qui a récupéré tous les gaullistes libéraux modernisants pour aller battre les gaullistes de l'appareil. J'ai écoutée son discours de lancement de « Al Badil », et j'ai compris que M. Jomaâ veut brasser large mais en dehors des hommes d'appareil et des bases classiques de mobilisation et d'encadrement politique. Un pari, que je ne donne pas gagnant pour le moment, car les Tunisiens ont besoin de repères et Nida Tounès, malgré toutes ses crises et les campagnes de dénigrement contre M. Hafedh Caïed Essebsi, résiste bien dans les sondages et devance d'une courte tête Ennahdha, son rival et son « allié » du moment ! « El Kobza mourra », comme dirait feu ma mère, Nouba l'Andalouse, et le pain, il va falloir le partager avec plusieurs prétendants. Alors, avec qui s'allier le moment venu... Avec Nida, de HCE, ou Machrou de Marzouk ou Afek ou Al Moubadara si elle arrive encore à exister, ou même Ennahdha, comme tout le monde ! M. Jomaâ a l'embarras du choix. Mais, a-t-il le métier de la « combine » politique... Je ne sais pas ... ! Attendons pour voir, mais quand même, souhaitons lui bon vent comme tous ceux qui veulent servir sincèrement la Tunisie ! K.G
