Le premier ministre français a effectué hier et avant-hier, une visite de deux jours en Tunisie (6 et 7 avril 2017), à la tête d'une délégation de haut niveau dont notamment le Président de l'Assemblée nationale française, Claude Bartolone ainsi que plusieurs députés et sénateurs français. Une cérémonie d'accueil officielle a été organisée hier, en début d'après-midi, au Palais du gouvernement à la Kasbah en son honneur Au cours de l'entretien qu'il a eu avec le chef du gouvernement, Youssef Chahed, les principaux dossiers de la coopération bilatérale ont été évoqués et plusieurs conventions de coopération signées. M. Cazeneuve a été également reçu en audience par le Président de la République, Béji Caïd Essebsi avant de rencontrer Fayez AL-Sarraj, Président du Conseil Présidentiel et Premier ministre de Libye. Au cours de sa visite, le Premier ministre français a eu également des entretiens avec le Président de l'Assemblée des Représentants du Peuple, Mohamed Ennaceur, et des représentants de la société civile. Il a aussi salué la mémoire des victimes de l'attentat survenu le 18 mars 2015 au musée du Bardo. Coopération sécuritaire "Quelque 132 actions de coopération seront lancées en 2017 par la France et la Tunisie dans le domaine de lutte contre le terrorisme", a annoncé hier, le premier ministre français. Ces actions de coopération sont dictées par la conjoncture particulière qui prévaut en France et en Tunisie déjà frappées par le terrorisme, a-t-il expliqué à l'issue de son entretien avec le président de la République Béji Caïd Essebsi. Ces actions portent notamment sur la formation des forces de lutte antiterroriste, la formation en matière de lutte contre la fraude documentaire ainsi que sur les échanges d'information entre les services de renseignements tunisien et français, a-t-il expliqué Tout en se félicitant de la densité de la coopération économique bilatérale, Cazeneuve a fait état de l'orientation de la coopération bilatérale vers des domaines clés et des filières d'excellence, à la faveur des multiples accords bilatéraux signés dans les domaines de l'agroalimentaire, de la santé, de l'industrie numérique et des énergies renouvelables. "Ces accords vont donner lieu à des projets fort structurants", a-t-il affirmé. Les importations françaises en provenance de la Tunisie s'élèvent à 4,2 milliards d'euros et les 1300 entreprises françaises implantées en Tunisie génèrent 140 mille postes d'emploi, a-t-il tenu à rappeler. Tous les outils qui sont à la disposition de la France et de l'Union européenne sont mobilisés pour accompagner le processus de développement économique en Tunisie, a-t-il assuré, rappelant, à ce propos, la contribution active de la France à la Conférence Internationale sur l'investissement "TUNISIA 2020". Par ailleurs, Cazeneuve a dit avoir évoqué avec le chef de l'Etat plusieurs questions inhérentes aux secteurs de la culture, de l'éducation et de l'enseignement supérieur. Les dossiers syrien et libyen, était également au centre de la rencontre avec le président de la République. Signature de six accords de partenariat Conversion de 30 millions d'euros de dette tunisienne en projets de développement Six accords de partenariat ont été signés hier après-midi au Palais du gouvernement à la Kasbah entre la Tunisie et la France. Les deux premiers accords portent sur deux lettres d'intention : la première lettre prévoit la conversion de 30 millions d'euros de dette tunisienne en projets de développement, alors que la deuxième concerne l'échange d'expertise en matière de lutte contre la radicalisation. Selon les termes de la première déclaration d'intention, 20 millions des dettes tunisiennes seront allouées au financement du nouvel hôpital régional de Gafsa. La France avait consacré 60 millions d'euros des dettes au financement de cet hôpital, en vertu d'un accord de conversion signé en 2016. Quant aux 10 millions d'euros restants, ils seront investis dans les secteurs de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la formation professionnelle. Destinée à la prévention de la radicalisation, la deuxième déclaration d'intention prévoit l'échange d'approches, d'expériences et de bonnes pratiques en matière de prévention de la radicalisation et de prise en charge des personnes vulnérables. Il s'agit également, selon les termes de cet accord, du signalement des personnes radicalisées, particulièrement en milieu carcéral et de tout éventuel retour des personnes parties dans des zones de combat. Les quatre autres accords prévoient le financement par l'Agence française de développement (AFD) de projets de développement en Tunisie dans les secteurs du transport et de l'hydraulique, moyennant une enveloppe de plus de 135 millions d'euros. Le premier accord porte sur un prêt souverain d'un montant de 60 millions d'euros pour le renforcement du système d'alimentation en eau potable du Cap Bon, du Sahel et de Sfax. Il permettra de financer le renforcement des infrastructures de transfert des eaux entre les régions du Nord de la Tunisie et celles du Sahel (s'étendant du golfe de Hammamet au nord, à Chebba/Gabès au sud), et de créer un pôle de traitement, l'objectif étant de subvenir aux besoins des gouvernorats de Nabeul, Monastir, Sousse, Mahdia et Sfax en eau potable, à l'horizon 2030. Le deuxième accord porte sur un prêt souverain de 60 millions d'euros pour l'aménagement de la Boucle Centrale du métro léger de Tunis, alors que le troisième prévoit une subvention de 650 mille euros dédiée au pôle d'échanges de la place de Barcelone. Quant au quatrième accord, il stipule le financement d'un Fonds d'Etudes et de Renforcement de Capacités en appui au plan de développement quinquennal tunisien moyennant une subvention de 725 mille euros. Ce fonds est le cinquième du même type mis en place par l'AFD au profit de la République tunisienne. Il permettra le financement d'études et d'expertises par le Ministère du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale (MDICI) sur une durée quatre ans.