Les Municipales annoncées pour fin 2017, c'est-à-dire, demain, constituent-elles le piège incontrôlable par excellence pour un pays qui n'arrête pas de tout changer dans l'improvisation la plus totale ! Notre peuple a, certes fait une révolution résultante d'un ras le bol général, contre ceux qui ont voulu dans les années 90 s'approprier l'Etat, mais aussi l'économie et les finances en se positionnant comme pouvoir réel face à un pouvoir institutionnel de façade et d'apparat. Mais, avec le temps, les Tunisiens ont mesuré les désastres occasionnés par le populisme politique et les dérives idéologiques, religieuses et identitaires qui ont renforcé aussi paradoxalement que cela puisse paraître, le « parallèle » et l'Etat « lobbyque » et parfois « milicien » au détriment de l'Etat institutionnel et de Droit. Une fièvre anarchique s'est emparée de la « Rue », des partis, des corps associatifs, le tout lubrifié au maximum par les médias libérés de la tutelle des « censeurs » et autres patrons du propagandisme adapté aux techniques les plus sophistiquées de la désinformation, et qui s'en sont donnés à cœur joie pour mettre en pièce « l'ancien régime » et ses résidus, les fameux « azlems », sans jamais penser qu'une fois « la soûlade » populiste évacuée, la réalité toute crue allaient les frapper en plein visage. Des villes délabrées, saignantes de moisissures et martyrisées par la construction anarchique, le non respect de l'esthétique urbaine, l'indiscipline érigée en conduite globale et où les comportements humains ont ramené le pays à l'âge de la « survie » au détriment de l'ordre et de la planification urbaine du 21ème siècle. Jamais depuis la chute de l'Empire romain, y compris en Tunisie la « proconsulaire », ce pays n'a été aussi traumatisé par autant d'anarchies « créatrices » (sic) chères aux promoteurs du changement identitaire radical. Plus personne n'arrive à reconnaître la Tunisie, inondée de déchets solides jusqu'aux campagnes les plus reculées. Alors, et aujourd'hui, encore, certains politiciens naïfs veulent nous faire croire que la meilleure thérapie à cette pagaille montre c'est la : Décentralisation ! Or, ce dont le pays a besoin c'est du rétablissement de l'autorité de l'Etat fort, surtout de l'Exécutif. Les régions défavorisées, elles-mêmes exigent ce « plus d'Etat », car sans investissements lourds, en infrastructures et en mégaprojets, ces régions resteront toujours en marge et alimenteront les groupuscules des rébellions locales et régionales futures. Vous me direz, mais ces élections municipales, même dans les conditions actuelles, sont un mal nécessaire et on ne peut pas les renvoyer au 22ème siècle ! Juste... mais à quel prix ! Si ces élections au vu du paysage politique cristallisé et brisé de toute part, vont remettre en selle, un système de gouvernance locale portée sur le « religieux et l'identitaire » comme celles générales qui ont porté la Troïka au pouvoir en 2012, eh bien, rebonjour les dégâts ! L'enjeu est énorme et même existentiel pour le modèle sociétal et culturel tunisien. Avoir de nouveau maires et de nouveaux conseils municipaux acquis majoritairement aux courants et partis islamistes, c'est tout simplement donner les moyens à leurs doctrinaires et idéologues de rayer la « modernisation » identitaire tunisienne de la carte. Les élections de Novembre 2014, ont certes opéré un rééquilibrage qui permet aujourd'hui une cohabitation miraculeuse entre l'islamisme conservateur à la limite du salafisme et la modernisation bourguibienne édifiée sur plus de deux siècles de réformisme identitaire, par l'éducation la culture et un certain regard tourné vers l'Europe en général. Mais les bases mêmes de cet équilibre, sont aujourd'hui démembrées et disqualifiées par la crise aiguë du « Nida Tounès ». D'ailleurs, les islamistes ne cachent pas leur empressement à vouloir ces élections coûte que coûte et aux dates fixées... Pour une fois ils sont pressés, très pressés, d'en finir avec le « Bourguibisme » culturel sociétal et identitaire encore très résistant en allant piocher dans les cités de base de la vie urbaine. Car, une fois les municipalités en main, le piège se refermera définitivement sur la modernisation proche de l'Occident et la Tunisie reviendra à sa petite place de province « d'Arabie », comme au8ème siècle ou au mieux de province sous tutelle politique et culturelle « turque » sous la houlette de notre cher ami Erdogan ! Par conséquent, les enjeux sont énormes et pour une fois les « Bourguibiens » y compris ceux qui ont plébiscité BCE et Nida Tounès, ne semblent pas avoir le contrôle de la situation. Et c'est vraiment dramatique pour les deux millions d'électeurs qui ont voté le Nida, pour ne jamais revenir à la case départ « troïquiste » ! Reste une possible « alliance » du moindre mal, entre le Nida (officiel) et Ennahdha... mais, sur quelles bases ! Le parti islamiste s'est-il réconcilié avec la modernisation bourguibienne, ou attend-il patiemment son heure pour une « revanche » de toutes les revanches... ? Difficile à se prononcer. Pour ma part, je ressens un peu, plus que de l'angoisse à attendre le verdict des urnes locales, qui risquent de renvoyer notre chère et belle Tunisie au moyen-âge... qui sait le rayer définitivement de la carte du monde qui tourne et vit au rythme de la Terre. L'autre solution, bien que tardive quelque part, c'est un bon tour de manivelle dont BCE en a seul le secret pour rassembler au plus vite la grande famille « Nidaïste » et bourguibienne dans des listes communes et faire face à la discipline de vote des Nahdhaouis. Là encore, c'est rêver l'impensable par les temps qui courent. Mais, en politique rien n'est figé... Tout évolue et se transforme ! Dire que ce pays a grand besoin d'un apaisement durable ! K.G