Les résultats de la session principale du baccalauréat ont vu le nombre de filles battre très largement tous les records. Le taux de réussite chez les filles a atteint les 63% contre 37 % chez les garçons . Parmi les lauréats du bac 2017, 4 sont filles sur un total de six : Emna Jardak, lauréate de la section sciences expérimentales avec une moyenne de 19,78.Syrine Ben Attia allah, lauréate de la section économie et gestion avec une moyenne de 17,30. Arig Mkhinini, lauréate de la section sciences techniques avec une moyenne de 19,36 et Amal Ben Dhia, lauréate de la section informatique avec une moyenne de 17,52. Les filles ont mieux réussi que les garçons. Ce constat est relevé depuis quelques années à tous les niveaux scolaires, aussi bien dans le primaire, le moyen, le secondaire ou encore l'universitaire. Depuis les années quatre-vingt dix, les filles sont devenues majoritaires parmi les candidats à l'examen du baccalauréat tunisien. Les statistiques de la session 2011 confirment la tendance; les filles représentaient 57,32 % du total des candidats .Depuis 2005, sur 10 nouveaux bacheliers 6 étaient des filles. Au cours de la session 2011, le taux de réussite des filles était de 60,3 %. En 2017, ce taux passe à 63%. Quelles sont les raisons de cette prédominance ? La plupart des observateurs avancent que les filles sont tout simplement plus studieuses et ont plus de facilité et sont confortées par l'accès sans entrave au système éducatif national. Ils estiment, dans ce sens, que les filles redoublent et abandonnent moins leurs études, contrairement aux garçons qui préfèrent entrer dans la vie active plus tôt et ce au détriment de leur instruction. Aussi, les filles aspirent-elles à atteindre des niveaux très élevés dans leur cursus et cela se traduit naturellement par leur forte présence aujourd'hui. « Les filles sont plus studieuses, plus disciplinées et se concentrent plus en classe. C'est un besoin d'affirmation des filles dans une société qui privilégie encore les garçons » avoue Héla enseignante. Le bac se féminise. L'écart de réussite entre filles et garçons se creuse. Mais pourquoi donc les filles réussissent-elles mieux que leurs compagnons de classe au masculin ? Les filles seraient-elles plus ambitieuses et plus motivées que les garçons ? En tout cas, répond le même professeur, «j'ai constaté, selon mon expérience, que les filles se concentrent en cours plus que les garçons, elles sont plus appliquées et plus studieuses ».Les filles seraient-elles alors plus bosseuses ? Oui, mais rien n'indique qu'elles sont plus intelligentes. «C'est le travail et la persévérance qui payent, un fainéant intelligent n'ira pas loin», explique ce professeur d'un collège. Une récente étude d'universitaires américains a souscrit à cette thèse de la supériorité scolaire des filles, et la première raison à cela, avancent les chercheurs, est que les filles «acquièrent bien plus tôt que les garçons des compétences non cognitives comme l'attention, la persévérance, la volonté d'apprendre, la capacité à rester assis ou à travailler en autonomie». Sauf que les psychologues, qui ont l'habitude de sillonner les écoles, ne partagent pas toujours cette thèse de supériorité scolaire des filles sur les garçons. La concentration en classe pour eux n'est pas une affaire de sexe, mais plutôt d'éducation et d'harmonie au sein du couple où l'enfant baigne. Brigitte Vincent, qui vient de faire paraître « Filles = garçons ? » estime que la réussite des filles dépend surtout de la manière dont elles sont élevées. De manière parfois inconsciente, leurs parents attendent qu'elles soient plus dociles, plus obéissantes que les garçons. Des atouts comportementaux qui vont leur servir à l'école. «Contrairement aux précédentes décennies, aujourd'hui, les filles veulent tout comme les garçons faire des études universitaires, puis occuper des postes de responsabilité. Le bac est pour ces candidates une étape à franchir pour atteindre les objectifs fixés. Pas question pour elles de le rater, surtout lorsque leurs copines ou leurs rivales ont les capacités de le réussir. Les filles se jalousent. Elles sont tout le temps en concurrence; c'est aussi une raison qui les motive pour mieux travailler», nous dira Samia professeur dans un lycée. Bref, les filles occupent une position privilégiée dans l'examen du baccalauréat tunisien. Elles sont devenues plus nombreuses, plus performantes que les garçons. Un pari gagné qui atteste la suprématie des filles dans l'enseignement