Les accusations sont de plus en plus claires et directes envers le parti islamiste d'Ennahdha ou envers ses proches quant à leur implication et leur interférence dans certaines affaires pas trop nettes. Et les principales accusations sont venues, jusqu'à présent, du milieu du Barreau. En effet, on a enregistré le déroulement d'une assemblée générale houleuse du Conseil de l'Ordre des avocats où plusieurs participants ont crié au scandale dans le sens où selon eux, Ennahdha est en train de diriger de facto, la profession, par le biais de la secrétaire générale du Conseil, Me Saïd Akremi, épouse de l'actuel député et ancien ministre de la Justice, Noureddine Bhiri. Les protestataires assurent, malgré le démenti opposé par le Bâtonnier Ameur Mehrezi, que la secrétaire générale du Barreau est le véritable « patron » du Conseil de l'Ordre, ce qui leur a valu d'être mis au banc des accusés par Me Mehrezi qui a dressé une liste comprenant plus d'une vingtaine de ses confrères et consœurs appartenant, selon ses dires, à « la Gauche et au Courant national-arabe dans le but de porter des plaintes pénales contre eux suite aux violences verbales et physiques qui ont émaillé la premières assemblée générale du Conseil national des Avocats ». Et d'un... L'autre affaire est celle ayant trait à la décision qui aurait été prise par le Conseil régional des avocats de Tunis, soumettant Imed Ben Halima à une suspension provisoire d'exercice à cause de plusieurs plaintes de ses clients ayant affirmé que l'avocat a divulgué des données confidentielles concernant leurs dossiers. Renseignements pris auprès de l'intéressé, cette décision serait en rapport avec une affaire datant d'un an, et qui a été récemment « remuée » suite « aux prises de positions politiques à l'encontre des courants obscurantistes » « Je suis certain qu'il ne s'agit ni plus ni moins d'un règlement de comptes politique », a précisé l'avocat avant de donner l'identité du plaignant qui serait un homme d'affaires, très influent du temps de Ben Ali et dont le nom avait été retiré de la liste des personnes dont les biens avaient été confisqués, «suite à une intervention d'Ennahdha », selon ses propres dires. Et d'ajouter que l'information concernant sa suspension a été « annoncée, dans un cadre festif, par une collègue, épouse d'un dirigeant hors-pair à Ennahdha... ». Et de deux... Plus récent encore, le juge d'instruction près le Tribunal de première instance de Tunis a décidé, hier, de mettre en accusation plusieurs syndicalistes sécuritaires et journalistes à la suite d'une plainte déposée par l'ancien directeur de la sûreté des aéroports, Abdelkrim Laâbidi. La liste des accusés comprend : Walid Zarrouk, Habib Rachdi, Issam Dardouri, Anis Ouertani, Mohamed Ali Aroui, ainsi que des journalistes. M. Laâbidi a porté plainte car il aurait été accusé d'avoir été l'un des instigateurs de l'assassinat de Mohamed Brahmi. Et bien qu'on assiste, quotidiennement et en public, à des accusations tous azimuts dans l'impunité la plus totale, les personnes montrées du doigt par Abdelkrim Laâbidi, sont, désormais, accusés, entre autres, d'association de malfaiteurs, d'avoir fait fuiter des enregistrements du ministère de l'Intérieur et de diffamation. Or, il y a lieu de rappeler que M. Laâbidi ancien commissaire et patron de l'aéroport de Tunis-Carthage suite à des promotions accélérées du temps de la Troïka, était détenu, suite à un mandat de dépôt, du 8 janvier 2015 jusqu'au 21 avril 2016, soit après la fin de la période de détention légale sans être jugé. Mais théoriquement, l'enquête se poursuivait même si rien n'a filtré sur son issue jusqu'à ce jour A titre de rappel, encore, Abdelkrim Laâbidi était interrogé et détenu, officiellement pour « être complice avec une police parallèle et d'avoir fourni son véhicule aux terroristes responsables de l'assassinat de Mohamed Brahmi... ». D'ailleurs, on s'étonnait, en 2013, de « la promotion fulgurante" d'Abdelkrim Laâbidi, qui serait passé en moins d'une année de "simple officier de police à commissaire de police avant d'être affecté à la direction centrale de la police des frontières à l'aéroport de TunisCarthage ». Le hic, c'est que l'ancien cadre sécuritaire était désigné comme étant proche du mouvement Ennahdha qui, bien évidemment, niait ce fait malgré les photos le montrant assistant à des réunions groupant les ténors d'Ennahdha dont l'une en présence de Rached Ghannouchi et Youssef Qardhaoui ! Une photo publiée par un confrère de la place sans susciter la moindre réaction d'Ennahdha. Ainsi, quinze mois après sa libération, l'ancien « accusé officiel de complicité » dans l'assassinat de Mohamed Brahmi, trouve le moyen de porter plainte contre les sécuritaires et les journalistes qui faisaient leur travail ! Et de trois... Autrement dit, le mouvement Ennahdha retrouve les vieux réflexes d'arrogance et de faire traîner ceux qui s'opposent à lui devant les tribunaux prouvant, ainsi, qu'il est en train de paniquer et de perdre les pédales à un moment où le paysage politique et partisan est en passe de connaître des mutations d'envergure. Dans le même ordre d'idées, il est utile d'attirer l'attention du président du gouvernement sur la nécessité de regarder de plus près le cas de cet homme d'affaires aux prises avec l'avocat Imed Ben Hlima, très proche de Ben Ali et qui serait, actuellement, hautement protégé par Ennahdha alors qu'il serait impliqué dans des affaires portant sur des dizaines de millions de dinars « pris à des banques nationales » à titre de crédits qui n'auraient pas été remboursés. Sans vouloir soutenir ces accusations, mais les faits sont tellement fiables qu'une enquête s'impose et d'éventuelles mesures devraient être prises à l'encontre de l'homme d'affaires en question. Car si les faits sont avérés, son cas serait encore plus grave que celui d'autres hommes d'affaires arrêtés et dont les biens et avoirs ont été confisqués dans le cadre de l'actuelle campagne anti-corruption ! En tout état de cause, la tâche s'annonce ardue et les cas litigieux doivent être traités sur le même pied d'égalité afin de couper l'herbe sous les pieds de ceux qui veulent semer le doute quant au caractère sélectif prônant la démarche des deux poids, deux mesures dans la lutte contre la corruption.