Mme Néziha Lâabidi, ministre de la Femme, de la Famille et de l'Enfance, a qualifié, vendredi 28 juillet, d'évènement historique, l'adoption de la loi organique sur l'élimination des violences faites à la femme, en début de semaine, par l'Assemblée des représentants du peuple à une forte majorité de 146 voix, notant qu'elle illustre l'adhésion des divers partis politiques tunisiens à cette initiative tunisienne avant-gardiste venant s'ajouter aux nombreuses autres initiatives qui ont fait la réputation de la Tunisie en matière d'émancipation de la femme. Lors d'un point de presse tenu, au palais du gouvernement à la Kasbah, la ministre a indiqué qu'il s'agit d'une loi intégrale contre les violences faites aux femmes, aux filles et aux enfants des deux sexes, quel qu'en soit le caractère physique, moral, sexuel, économique et politique, de sorte que grâce à ce texte, aucun auteur d'une violence faite aux femmes, aux filles et aux enfants des deux sexes, telles qu'elles y sont définies, ne pourra échapper aux poursuites judiciaires et au châtiment mérité. Elle a ajouté que cette loi est également intégrale, en se fondant sur une approche globale qui s'articule sur quatre axes, savoir la prévention des causes qui font de la femme une victime de la violence, sa protection, la poursuite judiciaire des coupables et enfin sa prise en charge. Sur ce plan en particulier, et en réponse aux demandes d'éclaircissement des journalistes, Mme Néziha Lâabidi a émis l'espoir que grâce à l'aspect préventif de cette loi, nous n'aurons plus à ouvrir de nouveaux centres de prise en charge qui sont actuellement au nombre de cinq et que nous aurons, au contraire, à en réduire le nombre, et à les transformer en établissements de formation à vocation éducative. Elle a indiqué que la Tunisie devient ainsi le 19ème pays dans le monde à se doter d'une loi organique et intégrale sur l'élimination des violences faites aux femmes, après 15 pays d'Amérique latine et 3 pays européens. Elle a évoqué aussi l'écho suscité par l'adoption de cette loi, partout dans le monde à divers niveaux, notamment au niveau de la presse et des médias. Le point de presse a été une occasion pour passer en revue les nouvelles dispositions en la matière contenues dans cette loi par rapport aux législations tunisiennes en vigueur plus spécialement le code pénal. La nouvelle loi incrimine plusieurs faits délictuels qui ne le sont pas dans les législations en vigueur, comme l'ablation totale ou partielle d'une partie de l'organe sexuel de la femme (circoncision rituelle des jeunes filles qui n'existe pas en Tunisie), le sous traitement répété du conjoint, l'agression morale, la violence économique (discrimination basée sur le genre), la violence politique (interférences sur les choix de la femme). Les anciennes dispositions permettant aux coupables d'échapper aux poursuites judiciaires ont été abrogées comme l'arrêt des poursuites judiciaires lorsqu'un homme, coupable d'avoir abusé sexuellement sans violence d'une fille mineure, accepte de l'épouser. La protection des enfants des deux sexes contre les délits sexuels a été renforcée, outre leur protection contre l'exploitation économique en les faisant travailler et en les privant ainsi de jouir de leur enfance, comme dans les cas des petites bonnes à tout faire. La ministre a, aussi, passé en revue quelques programmes destinés à assurer la mise en application de cette loi dans de bonnes conditions.