Après que des jeunes du gouvernorat aient décidé de suivre la voie de leurs ‘collègues' d'El Kamour – en tentant de bloquer les sociétés pétrolières situées dans la région à coup de sit-in et de protestation –, une délégation gouvernementale a fait le déplacement, samedi dernier, pour mettre fin au sit-in avant que la situation ne dérape. Au bout de longues heures de négociations au siège du gouvernorat entre la délégation gouvernementale et une représentation des protestataires, le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, a déclaré que plus de 80% des demandes des sit-ineurs ont été traitées positivement par les autorités. Quelques heures plus, Mabrouk Korchid, secrétaire d'Etat aux Domaines de l'Etat et aux Affaires foncières, a présenté une autre version des faits ; l'intéressé a en effet expliqué que ses collègues et lui-même étaient venus dans le but de dialoguer avec les concernés afin d'aboutir sur de réelles solutions. Or les protestataires ont carrément refusé de continuer les négociations avec la délégation gouvernementale et ont réclamé d'être mis directement en contact avec les représentants des sociétés pétrolières. Une requête estimée comme une atteinte à la souveraineté de l'Etat pour Mabrouk Korchid qui a précisé que un nombre important de mesures urgentes a été proposé aux protestataires : environ 180 microcrédits, un nombre estimable de terrains agricoles dont la disponibilité immédiate sans compter les 2000 postes dans le secteur agricole et les 600 postes qui entrent dans le cadre du programme de coopération tuniso-allemand. Des mesures qui auraient pu, si elles avaient été acceptées, faire bénéficier la région de 800 emplois avant le mois de décembre 2017. Suite à l'échec des négociations, la délégation ministérielle a repris son chemin vers Tunis un peu moins de 24 heures après son arrivée à Kébili. L'échec de ces négociations était assez prévisible ; les protestataires de Kébili n'ont rien fait d'autre à part qu'ils aient appliqué minutieusement tout ce qu'ils ont trouvé dans le mode d'emploi du tristement célèbre sit-in d'El Kamour : ces jeunes gens savent très bien qu'il ne faut en aucun cas accepter les premières mesures que vient leur annoncer le gouvernement parce que ce dernier sera obligé, dans quelques temps et après quelques autres escalades de pression, de se donner à fond afin d'éteindre les flammes de la colère rurale. Ils ont donc décidé qu'ils continueront de bloquer la production pétrolière en attendant que le gouvernement leur présente de vraies alternatives à leurs problèmes. Quel sentiment de déjà-vu dans toute cette histoire ! Avec une petite différence assez importante quand-même : suite aux événements d'El Kamour, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, avait déclaré que les sites de production seront désormais sous la protection de l'Armée nationale et que toute personne qui osera s'en approcher devrait en assumer les conséquences... Cette annonce avait été faite par le chef de l'Etat en très grandes pompes au Palais des congrès devant plus de 800 personnalités. Plus de trois mois plus tard, il semblerait que cette décision ait été mise de côté et que le pays se dirige droit vers un rebelote de ce qui s'est déjà mal passé. Rien de plus normal pour ceux qui ne tirent aucune leçon de leurs erreurs passées !