Une nouvelle Commission d'acquisition des œuvres plastiques pour l'Etat vient d'être désignée par la Direction des Arts Plastiques au sein du Ministère des Affaires Culturelles. Il est à rappeler que ladite commission est élue pour un mandat de six mois et ce, en application de l'article 3 du décret n° 732 de 10 Juin 1989 concernant la création, la formation, les attributions et les méthodes de travail de la Commission d'achat d'œuvres artistiques pour l'Etat tunisien. La nouvelle Commission est donc constituée de Mme Faouzia Hichri en tant que présidente et de dix membres dont les noms suivent : Rabaâ Jédidi, Hanène Ben Chaabane, Faïza Ezzeddini, Sameh Habachi, Lemjed Ennouri, Chiraz Ben Mrad, Nizar Megdiche, Nadia Hamani, Hajer Khaldi et Mehdi Griâ. D'après les statistiques révélées par la Direction des Arts Plastiques au sein du ministère des affaires culturelles, on remarque que la Commission d'achat sortante a fourni un effort louable pour sillonner le pays du nord au sud et de l'est à l'ouest afin de consacrer la décentralisation en matière d'arts plastiques, visitant ainsi des galeries lointaines et peu connues où des artistes-peintres aux talents confirmés ont pu être révélés et récompensés. En effet, on annonce l'acquisition de 247 œuvres artistiques (parmi un total de 2206 œuvres exposées) appartenant à 245 artistes plasticiens, avec une enveloppe de 795750 dinars et ce, pour le premier semestre 2017, lors de leurs visites (dont 48 dans le grand Tunis et 26 dans les régions) effectuées dans 45 expositions individuelles et 75 collectives, organisées soit dans des galeries publiques (30), soit des galeries privées (22). Cependant, on remarque souvent, surtout durant ces dernières années, le mécontentement de certains artistes plasticiens qui n'étaient pas satisfaits des prestations des dernières commissions d'achat, non qu'ils n'aient pas bénéficié de l'acquisition de leurs œuvres par ces commissions, mais d'une part parce qu'ils pensaient que certains membres appartenant aux différentes commissions n'étaient pas à la hauteur de juger de la valeur artistique de telle ou telle œuvre, et d'autre part ils pensaient que le choix des œuvres acquises et l'indication de leur prix n'était pas une décision relevant d'un avis collectif de tous les membres de la commission, mais plutôt trahissait certaines sensibilités ou préjugés chez les uns ou les autres. Qu'à cela ne tienne, on sait qu'il y a toujours, lors de toute compétition ou concours, des satisfaits et des insatisfaits ! Cependant, ayons confiance en cette nouvelle commission qui devrait remédier aux erreurs du passé et œuvrer pour une sélection des meilleures œuvres plastiques, sans faire plaisir à quiconque et sans privilégier un artiste professionnel au détriment d'un autre débutant, artiste académique aux dépens d'un autre autodidacte, car c'est la valeur esthétique et plastique de l'œuvre qui compte le plus, quel que soit son auteur ! Histoire de garantir plus de transparence dans le choix des œuvres, plus d'équité et d'impartialité. D'aucuns pensent que le travail de la Commission est une tâche délicate(déplacements, visites, délibérations, contraintes du budget assigné par le Ministère, réactions des peintres et des galeristes...), mais lors des visites, les critiques ou les appréciations des membres de la Commission ne doivent pas relever d'un jugement de valeur personnelle, ni d'une position politique, mais d'un constat d'un ensemble des critères esthétiques requis auxquels doit répondre une telle œuvre. De même, la Commission d'achat doit respecter la liberté des artistes dans leur expression plastiques, c.à.d. récompenser les esquisses innovantes, celles qui sortent des chemins battus. Souvent, c'est de cette liberté que dépend la valeur de l'œuvre ! Encore une remarque sur le budget alloué par le Ministère de tutelle à cette Commission qui reste généralement en deçà des aspirations et des espérances des artistes. Imaginez qu'un artiste a la chance de vendre sa création une fois tous les deux ou trois ans, car rares sont ceux qui vendent leurs productions chaque année à la Commission d'achat, pour la bagatelle de un ou deux millions ou même trois millions, ce qui est insuffisant, et sans commune mesure par rapport aux prix des œuvres artistiques dans d'autres pays, comme l'Europe par exemple ! D'autant plus que chez nous, l'artiste produit ses œuvres en assumant, généralement tout seul, les moyens de leur réalisation. Il ne bénéficie d'aucune aide à la production, ni de soutien technique, logistique ou d'un financement provenant d'une institution culturelle ou artistique ou d'un particulier. Et n'oublions pas qu'une part du montant d'achat accordé par la Commission va au galeriste selon un accord établi avec l'artiste ! Que reste-t-il donc ? C'est pour cette raison et autres que le Ministère de tutelle devrait augmenter le budget alloué aux acquisitions des œuvres artistiques ! Souhaitons à la nouvelle Commission pleine réussite dans sa tâche !