Des plasticiens, des critiques d'art, des universitaires, des collectionneurs, des galeristes et des mordus des arts plastiques ont pris part aux travaux du colloque consacré à «l'œuvre d'art et la transition des valeurs, entre culturel et économique», organisé par la Fédération tunisienne des arts plastiques (Ftap), en collaboration avec le commissariat régional à la culture de Sousse, les 19 et 20 novembre courant. «L'objectif de ce colloque répond à l'un des soucis primordiaux de la Ftap, à savoir instaurer une coordination entre les acteurs culturels dans le domaine des arts plastiques, entre créateurs, critiques d'art, galeristes et collectionneurs», nous a affirmé M. Khelil Gouiâ, directeur du colloque et président de la Ftap.Il a ajouté que ce colloque a traité du statut ontologique de l'œuvre d'art entre les deux champs, culturel et économique. A propos de l'instauration d'un marché de l'art, Gouia a mentionné que pour réaliser cette fin, il faut évoquer quatre approches qui ont, d'ailleurs, constitué les axes du colloque, l'approche juridique (droits de propriété intellectuelle), l'approche sociologique (le marché de l'art est un thème sociologique allant de l'exposition de l'œuvre jusqu'à sa promotion dans le champ culturel et les mouvements du marché), l'approche économique (cotation de l'œuvre, résistance de la valeur culturelle de l'œuvre dans le marché national, statut du plasticien dans le marché international, rôle des sociétés, des banques et des collectionneurs dans le développement du marché de l'art), l'approche critique (le rôle du critique d'art dans la promotion de l'œuvre et son évaluation esthétique dans le marché). Des questions ont été soulevées au cours de cette manifestation, à savoir la vente aux enchères des œuvres d'art en Tunisie et le rôle de la commission d'achat du ministère de la Culture. Quant à la promotion du marché de l'art en Tunisie, M. Robert Reydel, collectionneur et galeriste français, a insisté sur la nécessité de créer une association qui regrouperait tous les peintres et tous les galeristes en Tunisie, et ce, afin de faire connaître les artistes tunisiens à l'étranger. De ce fait, il s'établira un échange entre eux et les artistes étrangers. Il a remarqué que la Tunisie possède actuellement un grand potentiel de collectionneurs : «En tant que galeriste et collectionneur, mon objectif est de faire connaître les jeunes débutants peintres tunisiens, tant à l'étranger qu'en Tunisie, et ce, en achetant leurs œuvres et en les présentant dans des expositions se tenant chez vous et à l'étranger», a-t-il dit. Le droit de propriété intellectuelle au service de l'art Mme Nébiha Mezghani, professeur à la faculté de Droits et des Sciences économiques de Tunis, titulaire de la chaire Unesco d'enseignement des droits d'auteur et des droits voisins, a, pour sa part, indiqué que le droit de propriété intellectuelle est au service de l'art relevant soit de l'art purement esthétique ou de l'art appliqué à l'industrie. En effet, la propriété intellectuelle comporte deux branches, à savoir le droit de la propriété littéraire et artistique (divisé lui-même en droits d'auteur et droits voisins) et le droit de la propriété industrielle qui comporte le droit de création industrielle (dessins et modèles industriels) et le droit des signes distinctifs (marque, indication géographique, appellation d'origine). En Tunisie, a-t-elle ajouté, le droit de la propriété intellectuelle a été aligné et harmonisé avec les principaux traités internationaux en la matière. La législation tunisienne en la matière existe depuis 1889 (loi sur les droits d'auteur). Son intérêt est de protéger toutes les œuvres artistiques, littéraires et scientifiques. La loi du 24 février 1994 a adapté la protection des droits d'auteur aux Ntic (Nouvelles technologies de l'information et de la communication), car l'œuvre sur le réseau Internet subit, parfois, des atteintes aux droits moraux et patrimoniaux de l'auteur, c'est-à-dire que l'œuvre peut-être modifiée et exploitée, sans autorisation de son auteur. L'instauration et le développement du commerce électronique n'ont fait qu'aggraver la situation. C'est pourquoi la loi du 24 février 1994 a été complétée et modifiée par le législateur tunisien, et ce, en 2009. Cette modification a renforcé les droits d'auteur dans le monde numérique et a instauré pour la première fois les droits voisins, c'est-à-dire les droits des auxiliaires de la création.