Le déficit chronique des Caisses sociales commence à impacter négativement le système d'assurance-maladie. Près du tiers des pharmaciens ont déjà suspendu la convention les liant à la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM), apprend-on auprès du syndicat des pharmaciens d'officine de Tunisie (SPOT). La suspension de cette convention qui définit les rapports contractuels entre les deux parties s'explique par les retards de paiement récurrents dont souffrent les pharmaciens, a-t-on ajouté de même source. Une enquête menée par le syndicat a révélé que les sommes dues par la CNAM aux pharmaciens sont estimées actuellement à plus de 60 millions de dinars et ce montant risque d'augmenter vu que les liquidités dont dispose la Caisse qui gère le système national d'assurance-maladie continuent à s'assécher. La situation est tellement alarmante que le SPOT craint désormais un effondrement de plusieurs maillons de la chaîne impliquée dans la distribution des médicaments étant donné qu'une bonne partie des sommes figurant sur factures que présentent les pharmaciens à la CNAM revient aux grossistes spécialisés et aux laboratoires pharmaceutiques. Une réunion devrait se tenir mardi entre le Bureau exécutif du syndicat et la direction générale de la CNAM pour tenter de trouver des solutions adéquates au problème des retards de paiement. Selon nos informations, les pharmaciens ne sont pas les seuls à faire face aux retards de paiement de la part de la CNAM. La quasi-totalité des prestataires de soins privés, comme les cliniques, les médecins de libre pratique, les biologistes et les kinésithérapeutes en souffrent. Du côté de la CNAM, on reconnaît les retards de paiement des sommes dues aux prestataires de soins. Ces retards sont imputables aux dettes de la CNAM auprès des Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et à la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS). Le secrétaire général adjoint de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) chargé de la couverture sociale, de la santé et de la sécurité au travail, Abdelkarim Jrad, a déclaré mercredi dernier que les dettes de la CNAM auprès de la CNSS et de la CNRPS ont atteint près de 2,2 milliards de dinars à fin mars 20117. Selon les données de la Direction générale de la sécurité sociale au ministère des Affaires sociales, le déficit comptable des Caisses sociales risque de dépasser la barre de 2000 millions de dinars à la fin de l'année en cours contre 17 00 millions de dinars en juillet dernier. Le déficit des caisses sociales, qui ne cesse de se creuser au fil des années, s'explique essentiellement par les mutations démographiques et socio-économiques qu'a connues le pays au cours des dernières décennies: vieillissement de la population, baisse de la fécondité, précarité de l'emploi, amélioration de l'espérance de vie, taux de chômage élevé, multiplication des plans sociaux et des licenciements pour des raisons économiques, hausse de la défaillance des entreprises... etc. Le ratio moyen actifs/retraités pour les deux caisses sociales (nombre de salariés en exercice qui paient grâce à leurs cotisations les pensions de salariés partis à la retraite, NDLR) a, en effet, baissé à une vitesse vertigineuse. Ce ratio est passé de 10 actifs pour un retraité dans les années 80 du siècle dernier à 2,4 actifs pour un retraité actuellement.