Le déficit des caisses sociales commence à se répercuter sur les assurés sociaux. Ces derniers souffrent depuis quelques semaines de retards de remboursement récurrents qui atteignent parfois deux ou trois mois. Le retard de remboursement concerne la filière privée (médecin de famille) et la filière de remboursement des frais de soins qui regroupent plus de 4 millions d'assurés sociaux. Du côté de la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM), on ne nie pas ces retards de remboursement qui concernent aussi bien les prestataires de soins (médecins, pharmaciens, physiothérapeutes, cliniques privées, centres d'hémodialyse, laboratoires d'analyses médicales etc....) que les assurés sociaux. «Ces retards s'expliquent essentiellement par l'assèchement des liquidités au niveau de la CNAM qui découle du fait que la caisse ne reçoit pas ses parts des cotisations versées par les salariés et les employeurs à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et à la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS) », souligne Salah Hmidet, chargé de communication et porte-parole de la CNAM. «Accessoirement, ces retards pourraient s'expliquer par la grande affluence que connaissent certains centres régionaux situés dans des zones urbaines à forte densité démographique », a-t-il ajouté. En 2016, les créances dues à la CNAM par la CNSS et la CNRPS atteint la somme de 1949 millions de dinars (605 millions par la CNSS et 1344 millions par la CNRPS). A fin mai 2017, le montant global des créances que doit la CNSS à la CNAM a atteint 650 millions de dinars. Ces créances représentent la quote-part de la CNAM dans les cotisations sociales prélèves sur les salaires et versés chaque trois mois par les employeurs. M. Hmidet a cependant indiqué que la crise de liquidités dont souffre la CNAM va s'atténuer après l'entrée en vigueur de l'amendement de la loi n°2004-71 relative à l'institution d'un régime d'assurance maladie voté le 31 mai dernier par l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Cet amendent stipule le versement direct par la CNRPS de la quote-part de la CNAM dans les cotisations sociales. L'impact financier de cette nouvelle mesure est de 70 millions de dinars. La solution radicale demeure cependant une réforme profonde et globale des régimes de sécurité sociale. Le porte-parole de la CNAM a, par ailleurs estimé, que l'entrée en vigueur de la carte de soins électronique, prévue d'ici fin 2017, devrait réduire considérablement les délais de remboursement des frais de soins. La carte de soins électronique est carte à puce magnétique qui jouera de manière parfaite et exhaustive le rôle de la «fiche-patient». Cette carte à puce sera attribuée à tous les adhérents de la Caisse et devra contenir des informations personnelles de l'affilié inhérentes au montant du plafond annuel ainsi qu'à sa situation administrative et professionnelle. La nouvelle carte de soins électronique devrait permettre aux divers prestataires de soins publics et privés d'effectuer le suivi de la situation du malade, de faciliter et d'améliorer les conditions de sa prise en charge, de mettre à jour presque en temps réel le plafond des soins dont il dispose et de gérer le système du ticket modérateur. Bien sécurisée, la carte à puce devrait également permettre un traitement totalement automatisé et rapide des dossiers et des délais de paiement des mandats plus courts. Elle servira aussi à améliorer la maîtrise des dépenses d'assurance-maladie grâce à une gestion rationnelle et en temps réel des flux et par un suivi minutieux du plafond des soins.