Décidément, l'exposition qui se déroule actuellement à la Galerie Saladin est tout à fait différente de toutes celles qui l'ont précédée. En circulant à travers les œuvres, le visiteur se croit dans un vrai musée d'art qui réunit, non seulement les œuvres déjà connues du grand maitre, feu Ali Ben Salem, mais des œuvres rares et surtout authentiques, débarquant directement de la Suède où l'artiste a passé de longues années de sa vie. En d'autres termes, le galeriste M. Ridha Souabni, propriétaire de la Galerie Saladin à Sidi Bou Saïd, ne passe pas pour un simple intermédiaire entre un acheteur ou un collectionneur et un artiste et il ne semble pas se soucier uniquement des ventes des œuvres exposées, mais il cherche surtout l'authenticité et l'originalité dans l'œuvre d'art, le génie et le talent créateur chez l'artiste. Six ans après son ouverture, la Galerie a atteint son âge adulte, ayant déjà aidé généreusement à la promotion des arts plastiques en Tunisie, moyennant un ou deux expositions par mois, en offrant l'opportunité à un bon nombre d'artistes, toutes tendances confondues, (tunisiens ou étrangers) d'y exposer leurs travaux, faisant apparaitre des peintres qui étaient peu ou non connus du large public. Il a même encouragé, à travers ses expositions, des talents prometteurs et des valeurs montantes parmi la nouvelle génération des artistes plasticiens. Sans oublier les expositions organisées par cette Galerie en hommage aux grands maitres de la peinture, histoire de rappeler aux visiteurs la valeur esthétique et artistique des travaux des Anciens, comparés aux Modernes et aux Contemporains. Cette exposition, intitulée « De Stockholm à Sidi Bou Saïd », met en relief non seulement des œuvres du grand maitre Ali Ben Salem déjà connues des Tunisiens, mais d'autres, inédites en Tunisie, qui nous parviennent de la Suède et qui n'ont jamais débarqué en Tunisie. Chose rare, d'autant plus qu'il nous est permis de découvrir un autre côté, un autre style et d'autres thèmes abordés par Ali Ben Salem. Une initiative louable de la part de notre galeriste qui cherche toujours à nous surprendre avec de telles découvertes ! Le jour du vernissage a connu une grande affluence de visiteurs en présence de son Excellence l'ambassadeur du Royaume de Suède en Tunisie, Monsieur Fredrik Florèn. L'exposition se poursuit jusqu'au dimanche 12 novembre prochain. Dans cette exposition, on peut admirer, certes, les tableaux de l'artiste auxquels on est habitué, ces beaux tableaux où figurent ces jolies femmes, ces chevaux, ces biches, ces colombes et ces fleurs dans cette atmosphère féérique et qui regorgent de couleurs gaies et de vives lumières, ce qui témoigne de l'appartenance et de l'identité tunisienne du peintre, mais le visiteur découvrira également dans cette exposition l'autre aspect brillant de la peinture de Ben Salem, celle qui évoque la Suède, réalisée dans ce pays où il a passé un long séjour et qu'il aime tant, ayant passé sa vie partagée entre ses deux pays préférés. En effet, parmi les 58 travaux exposés, on relève plus que la moitié peinte en Suède et il y en a de tous les formats, (des portraits, des miniatures, de la nature morte et de la peinture sur verre), tous des tableaux inédits venus de Suède, pleins de magie, d'amour et d'optimisme, sans doute inspirés de la vie suédoise et puisés dans des paysages et des personnages scandinaves. Ses affinités avec la Suède se concrétisent dans ces œuvres exposées où l'on peut lire des titres comme « Forêt scandinave », « Vase bleu suédois », « Tulipe blanche », mais aussi d'autres titres où l'on voit l'omniprésence des femmes, des gazelles et des chevaux qui nous rappellent les contes de Mille et une nuits, comme dans les tableaux « Jeune femme et six chevaux », « Jeune femme et trois chevaux », « Trois femmes et quatre gazelles », « Une femme et deux gazelles»... Cependant, l'on remarque dans cette collection la présence d'un bon nombre de portraits dont essentiellement celui de la femme suédoise de l'artiste intitulé « Lady et sa coiffeuse », cette beauté nordique qui semble l'inspirer dans tous ses tableaux, et les autres comme « Monsieur », « Le baiser» ou encore « Femme la main dans les cheveux ». De même, on découvre ces miniatures, admirablement ciselées, qui représentent respectivement « Un cavalier», « deux femmes » et « Trois cavaliers ». Et ces tableaux de nature morte qu'il faut apprécier, comme « Fleurs », « Le bouquet » ou « Vase bleu suédois ». Bien que la peinture de notre artiste soit tunisienne ou suédoise, on y trouve toujours une place pour la beauté sensuelle et l'amour, baignant dans un orientalisme indéniable, quoique l'artiste ait vécu dans deux univers diamétralement opposés. D'ailleurs, c'est de cette dualité que naissait la notoriété mondiale de l'ancien élève de l'Ecole de Tunis.