Alors que chaque jour, en Tunisie, des jeunes et moins jeunes d'ailleurs embarquent dans des barques de fortune et affrontent les dangers de la mer pour rejoindre l'autre rive de la Méditerranée, d'autres qui les ont précédés, continuent de croupir dans des centres de détention italiens, sans assistance juridique et dans des conditions qu'ils affirment dégradantes. Toutefois, le Forum Tunisiens des Droits Economiques et Sociaux (FTDES) affirme que certains commencent à être libérés du hot spot de Lampedusa. Oui, mais à quelles conditions ? Selon le FTDES, l'Italie a commencé à libérer graduellement les migrants tunisiens du centre de détention de Lampedusa. Ainsi, chaque jour, une quarantaine d'entre eux seraient remis en liberté et transférés en ferry de l'île à Agrigento en Sicile. Cette avancée a été obtenue suite à une plainte déposée par l'association italienne Arci et FTDES auprès des autorités italiennes pour mettre fin à ces détentions jugées « illégales ». Nombreux d'ailleurs sont les migrants qui avaient entamé une grève de la faim pour protester contre leur détention et dénoncer les conditions humiliantes et contraires aux droits de l'Homme dans lesquelles ils étaient incarcérés. De nombreuses organisations avaient relayé leur appel à l'aide aussi bien en Italie qu'ailleurs. Mais si la libération quotidienne des Tunisiens est un pas en avant, le Forum pointe du doigt des dépassements qu'il qualifie de graves. En effet, les migrants ne seraient libérés qu'après avoir signé un papier rédigé en italien et dont ils ignorent le contenu. Est-ce un décret d'expulsion ou un laisser-passer, impossible de le savoir puisque les migrants ne comprennent pas la langue italienne et qu'aucune copie du document ne leur a été délivrée. De plus, ceux qui sont libérés et transférés à Agrigento sont livrés à leur sort sans aucune information ou orientation aux services sur le territoire. Par ailleurs, le FTDES estime que la bataille des migrants tunisiens arrivés par la mer et en situation irrégulière est loin d'être achevée puisque ceux qui ont été détenus au hot spot de Caltanissetta le sont encore. Voilà une dizaine de jours qu'ils sont en détention sans avoir rencontré un avocat ou un juge et sans que leur mise en détention ne leur soit signifiée de manière officielle. D'après le Forum, ils seraient actuellement 70 en situation de détention et chaque lundi et jeudi, les autorités italiennes procèdent à des expulsions massives de rapatriement forcé. Le FTDES ainsi que d'autres organisations s'insurgent contre cette procédure jugée contraire aux accords de libre circulation et des droits de l'Homme, surtout qu'aucune possibilité n'est accordée à ces migrants tunisiens pour qu'ils demandent l'asile et que leur dossier soit examiné. Or, les autorités italiennes affirment reposer sur une convention d'expulsion signée avec le gouvernement tunisien. Parmi les demandes du FTDES, la publication justement de cette convention mais aussi la libération des migrants détenus au hot spot de Caltanissetta et l'arrêt des procédures illégales d'expulsion massive par l'Italie.