Annoncée depuis 2008 puis reportée à maintes reprises pour des raisons obscures, la mise en place de la carte de soins électronique serait imminente, selon des sources bien informées au sein de la Caisse nationale de l'assurance maladie (CNAM). Un appel d'offres relatif à la conception et au déploiement de cette carte intelligente sera lancé d'ici fin décembre prochain en collaboration avec le ministère des Technologies de communication et de l'Economie numérique, a-t-on précisé de même source. Le candidat qui sera déclaré vainqueur de l'appel d'offres aura pour mission de fournir une solution technologique clef-en-main qui comprend une carte à puce semblable à la carte bancaire, le logiciel, le réseau de communication et plus 2 millions de cartes de soins électroniques et de terminaux permettant de lire ces cartes aux prestataires de soins, toutes catégories confondues. L'offre comprend aussi les volets formation à l'utilisation du système et la maintenance des divers équipements. D'après la CNAM, la mise en place du nouveau système devrait se faire progressivement, avec dans une première étape un déploiement au profit des affiliés à la filière privée. Dans la pratique, l'assuré social présente à son médecin la carte intelligente qu'il introduit dans un lecteur de cartes, ce qui lui permettra d'accéder en temps réel à toutes les informations concernant l'identité du bénéficiaire, la nature des soins auxquels il a droit (APCI...), la situation de son plafond de soins... Le nouveau système couvrira par la suite la filière de remboursement, puis dans une troisième étape la filière publique. Outre la suppression des carnets de soins classiques multicolores en carton, la nouvelle carte permettra la gestion en temps réel des plafonds des affiliés, ce qui permettrait à la CNAM de réaliser des économies en personnel affecté et de limiter les diverses formes de fraudes et d'abus. Elle aidera aussi les établissements publics de santé et les prestataires de soins privés à réaliser le suivi de la situation du malade, à faciliter les conditions de la prise en charge des diverses pathologies et à mieux gérer le système du ticket modérateur. Très sécurisée, la carte de soins électronique devrait également permettre un traitement totalement automatisé et rapide des dossiers et des délais de remboursement de frais de soins plus courts. Elle contribuera aussi à la maîtrise des dépenses d'assurance-maladie grâce à une gestion rationnelle et en temps réel des flux et à l'amélioration des performances de la CNAM au niveau du contrôle, ce qui limitera considérablement les dépassements dont sont auteurs certains professionnels de la santé. Selon des sources proches de la CNAM, cette solution technologique devrait permettre d'économiser entre 20 et 30 millions de dinars par an. L'Intersyndicale des professionnels libéraux de la santé qui regroupe le Syndicat tunisien des médecins libéraux (STML), la Chambre syndicale nationale des établissements de santé privés, le Syndicat des dentistes de libre pratique, la Chambre syndicale des cliniques de dialyse de Tunisie, le syndicat des pharmaciens d'officine de Tunisie et le syndicat national des biologistes de libre pratique ne cesse d'appeler les autorités de tutelle à mettre en place la carte de soins électronique afin de fluidifier et de simplifier l'échange d'informations entre les prestataires de soins privés et la CNAM. L'intersyndicale rappelle dans ce cadre que des milliers d'assurés sociaux ont reçu l'an dernier des notifications de dépassements de plafond relatives à plusieurs années écoulées de la part de la CNAM, indiquant que la carte de soins électronique aurait pu permettre aux médecins d'alerter à temps leurs patients sur ces dépassements du plafond.