C'est désormais officiel. Un accord a été conclu entre le Gouvernement et l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) sur le relèvement obligatoire de l'âge du départ à la retraite à 62 dans le secteur public à partir de 2020 avec la possibilité de départ à la retraire à l'âge de 65 pour ceux qui le souhaitent. C'est ce qu'a annoncé le directeur général de la sécurité sociale au ministère des Affaires sociales, Kamel Maddouri, dans une déclaration accordée à l'agence TAP en marge d'une conférence sur les différents scénarios de la réforme du système de sécurité sociale. Selon lui, les salariés du secteur public qui auront atteint l'âge de 60 ans en 2019 partiront à la retraite après une année tandis que ceux qui auront 60 ans en 2020 partiront à la retraite après deux ans et ont le droit de continuer à travailler, un an, deux ou trois ans supplémentaires pour atteindre 65 ans et ce, en présentant une demande à l'employeur. M. Maddouri a souligné que l'augmentation de l'âge du départ à la retraite touchera tous les corps de métier dans le secteur public. Pour les corps actifs (douane, armée, agents de police) dont l'âge du départ à la retraite est fixé à 40, 55 ou 57, il sera, respecctivement, porté à 42, 57 ou 59 ans avec la possibilité de poursuivre le travail trois ans supplémentaires pour ceux qui le souhaitent. L'information a été confirmée par l'UGTT, qui a rappelé que sa dernière commission administrative ont approuvé la proposition du gouvernement portant sur le relèvement de l'âge du départ à la retraite à condition que cette augmentation des années de travail ne soit pas la même entre le secteur public et le secteur privé. Le projet de réforme des régimes de sécurité sociale présenté par le gouvernement prévoit, d'autre part, une hausse de 3% des cotisations sociales (1% pour les employés et 2% pour les employeurs) et l'instauration d'une contribution sociale de solidarité de 1% sur les revenus bruts. Les recettes escomptées de cette contribution sociale de solidarité, qui se situe dans le cadre de la diversification des sources de financement des caisses sociales, sont estimées à 300 millions de dinars par an. Deux autres axes de la réforme annoncée font aussi consensus auprès des partenaires sociaux. Il s'agit de l'amélioration de la gouvernance et l'élargissement du parapluie de la couverture sociale à travers l'intégration du secteur informel et l'éradication du travail au noir. Le déficit des caisses s'explique par les mutations démographiques et socio-économiques qu'a connues la Tunisie au cours des dernières décennies : vieillissement de la population, hausse de l'espérance de vie, propagation des emplois précaires, saturation du marché de l'emploi, multiplication des plans sociaux et des départs à la retraite anticipée. Selon les données du ministère des Affaires sociales, le taux des personnes âgées de plus de 60 ans est passé de 5,5% en 1966 à 12% actuellement, et il devrait atteindre 18,2% en 2030. L'espérance de vie à la naissance est, quant à elle, passée de 51, ans en 1966 à 75,1% en 2015. Elle devrait atteindre 77 ans en 2030. Le ratio moyen actifs/retraités pour les deux caisses sociales (nombre de salariés en exercice qui financent grâce à leurs cotisations les pensions des retraités dans le cadre du de financement basé sur la répartition et la solidarité entre les générations, NDLR) a, en effet, baissé à une vitesse vertigineuse. Au niveau de la CNRPS, ce ratio est passé de 7 actifs pour 1 retraité en 1991 à 2,5 actifs pour 1 retraité actuellement. Pour la CNSS, ce ratio est de 3,8 actifs pour 1 retraité.