Comme à l'accoutumée, la direction régionale de la santé publique de Bizerte (service régional d'hygiène du milieu) a organisé samedi 1 Décembre 2007, à l'amphithéâtre de l'Iset, avec le concours de l'institut supérieur des études technologiques et de l'association de sauvegarde de la médina de Bizerte, son 11ème colloque régional annuel qui a été axé sur l'hygiène hospitalière. Ce séminaire qui a drainé une affluence record avec la participation en plus des autorités régionales, de nombreux universitaires, professeurs, chercheurs, médecins et cadres hospitaliers tunisiens et étrangers, a été animé par d'éminents experts en la matière à l'image des professeurs Chalbi Belkahia, Najoua Gandoura, Badia Ben Habyles, Philippe Hartemann, Mansour Njah, Lamine D'hidah, Samir Ennigrou, Bruno Grandbastien, Jean Michel Thiolet et autres. Il s'est articulé autour de plusieurs thèmes ayant trait à l'hygiène hospitalière ont étaient abordés dont trois conférences qui ont traitées de «l'Evolution des concepts en hygiène hospitalière », « La formation continue en hygiène hospitalière : Luxe ou nécessité ? » et « la Réglementation et hygiène hospitalière » -La première conférence donnée par le Pr. Philippe Hartemann (CHU de Nancy-France), qui présenta un rapide panorama de l'évolution des concepts en hygiène hospitalière au cours de l'histoire, pour aboutir à la révolution connue durant le siècle dernier, avant de développé cette révolution « Cette révolution dit-il nous a fait passer de l'hygiène bactériologique dérivée des découvertes de Pasteur et Koch, à une hygiène technique qui a quasiment été balayée par l'utilisation massive de l'antibiothérapie de couverture à partir de la deuxième guerre mondiale. Il a fallu ensuite tout redécouvrir et on est passé du quasi n'importe quoi à une hygiène hospitalière fondée sur la preuve avec des étapes successives ou la microbiologie, l'épidémiologie, l'évaluation des risques ont successivement pris le dessus. Maintenant, il apparaît que l'on ne peut plus se contenter d'appliquer des recettes (protocoles plus ou moins adaptés au contexte local) mais qu'une hygiène hospitalière moderne se doit d'être fondée sur une réflexion stratégique et tactique approfondie prenant en compte : . l'épidémiologie pour le suivi des événements et l'appréciation de l'efficacité des mesures de prévention . l'évaluation des pratiques pour orienter la politique de formation et d'organisation au sein de l'établissement. . l'évaluation des risques à partir de la classique démarche internationalement définie (caractérisation des dangers, fonction dose/réponse, caractérisation des expositions, calcul du risque pour hiérarchiser les mesures de prévention. . la veille sanitaire pour la détection précoce de tous les phénomènes nouveaux ou anormaux (ex. résistance aux AB, microorganismes en cause etc....) . la recherche en microbiologie environnementale pour définir les meilleures méthodes techniques. . la sensibilisation à l'écologie (toxicologie, microbiologie) et à l'environnement durable pour prendre en compte l'évolution nécessaire de nos pratiques dans un contexte énergétique contraint et écologique déjà fort pollué. Ainsi l'hygiéniste hospitalier du 21ème siècle doit être soit multi compétent, soit plus raisonnablement faire partie d'une équipe associant ces diverses compétences » - La seconde conférence a traitée de la formation en hygiène hospitalière à l'intention des spécialistes en la matière lesquels doivent être des professionnels techniciens mais aussi des pédagogues et celle des soignants, qui sont les acteurs de terrain directement impliqués dans l'hygiène. Le professeur Béchir Zouari de la faculté de médecine de Tunis, il a en outre souligné l'impérieuse nécessité d'inclure cette formation spécifique à la formation de base de tous spécialistes en hygiène (c'est une évidence) et soignants, mais seule la formation « post-graduat » est à même de donner les compétences opérationnelles, au début de la carrière professionnelle, et de les renforcer et de les actualiser tout au long de celle-ci. Pour conclure avec les mots d'ordre, qui sont : former aux attitudes, former les spécialistes et les soignants, former tout au long de la vie professionnelle. - « Réglementation en hygiène hospitalière » fut le thème de la troisième conférence donnée à cette occasion par le Dr. Thouraya Annabi Attia de l'ANCSEP qui a donné un bref aperçu sur l'institutionnalisation en Europe et particulièrement en France des concepts d'hygiène hospitalière par la mise en place d'un cadre juridique fiable. Par ailleurs, si le passage en revue de la législation française a montré une évolution visible (obligation, organisation et soutien de l'infrastructure organisée), elle fut moins évidente lors de la revue des textes tunisiens. En effet, en Tunisie à défaut d'un texte général, il existe un foisonnement de dispositions disparates concernant l'hygiène hospitalière dans plusieurs textes, mais surtout un nombre important de circulaires sans réel référentiel légal mais dont le but pratique est évident. Ainsi après le passage de la plupart des textes actuels les spécialistes furent unanime sur la nécessité d'instaurée un texte spécifique en la matière. Ce forum qui a été assez enrichissants, a aussi permit aux docteurs participants d'échanger leurs expériences et par la même d'approfondir leurs connaissances en concepts d'hygiène hospitalière, sans oublier les autres chapitres qui furent focalisés sur les risques infectieux liés aux dispositifs médicaux et leur maîtrise, les protocoles et procédures en hygiène hospitalière et aussi sur la surveillance épidémiologique des infections nosocomiales et ses indicateurs... Par ailleurs, la manifestation a aussi comporter plusieurs exposés relatifs aux thèmes retenus suivit d'une visite aux posters et aux affiches de sensibilisations dont les meilleurs ont été récompensés par les prix de feu Dr. Abdessalem Hajji et de feu Dr. Hassen Moussa, respectivement.