Un homme comme lui, s'il viendrait demain, la Tunisie s'avancerait pour le plébisciter. Sans l'ombre d'une hésitation, sans l'ombre d'un soupçon, sans l'ombre d'un doute... S'il revenait demain... Avec ses faiblesses, ses failles, et sa part d'erreurs, qui ne sont rien à côté de tout ce qu'il a pu donner pour la Tunisie, de tout ce qu'il a pu entreprendre, de tout ce qu'il a consenti, comme sacrifices pour son pays, qu'il a extirpé de la misère et de l'obscurantisme, et qu'il a voulu grand, même s'il est tout petit sur la carte du monde, Bourguiba vivra éternellement dans le cœur de tous les Tunisiens, toutes générations confondues, parce que son héritage est assuré et que la transmission s'est faite par filiation symbolique, laquelle vaut à elle seule tous les liens du sang. Pour cela, pour la puissance du symbole et de ce qu'il peut convoquer dans son sillage, imaginer un seul instant, une seule seconde, que la ville de Sfax, refuse que la statue du «Combattant Suprême» soit établie sur la place, comme si elle allait gêner aux entournures est tout simplement inadmissible. Car elle a valeur de symbole. Et pas des moindres... Il est évident que Bourguiba n'a pas besoin d'une statue pour régner symboliquement sur le pays, qu'il a marqué de son empreinte d'une façon indélébile. Mais dénier au pays, à nos villes, à nos villages même, le droit d'avoir une statue du Commandeur sur la place publique, pour que nos enfants n'oublient jamais, et en parlent à leur tour à leurs enfants lorsqu'ils seront devenus adultes à leur tour, c'est faire preuve d'ingratitude et d'inconséquence à l'égard du père de la Tunisie. Celui qui revendique, celui dont on tire fierté. Et pour le coup, c'est perdre au change. La stature de Bourguiba est telle, que même le déni le plus brutal, drapé de sa dose de grasse ignorance, ne parviendra pas à en altérer la grandeur. C'est peine perdue...