Les enseignants du secondaire ont observé, hier, une grève dans tous les collèges et lycées pour réclamer l'activation d'un accord conclu en 2011 avec le ministère sur le classement de la profession en tant que métier pénible et protester contre les nouvelles mesures fiscales contenues dans le projet de la loi de finances 2018. «Le taux de suivi de cette grève était proche de 100% à l'échelle national malgré les campagnes de dénigrement qui ont visé le syndicat », a précisé Fakhri Smiti, secrétaire général adjoint de ce syndicat rattaché à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). «Les enseignants ont débrayé pour défendre l'école publique et leurs droits. A travers ce mouvement, ils protestent contre le relèvement obligatoire de l'âge du départ à la retraite à 62 ans et les nouvelles mesures fiscales visant les salariés qui figurent dans le projet de la loi de finances 2018», a expliqué de son côté le secrétaire général du syndicat, Lassâad Yaâcoubi. «Le ministère de l'Education, le ministère de la Jeunesse et du Sport et le ministère des Affaires sociales n'ont même pas daigné inviter le syndicat à des séances de conciliation», a-t-il ajouté. Le responsable syndical a également fait savoir que le syndicat envisage d'organiser un sit-in devant le siège de l'Assemblée des représentants du peuple ou à la Place du gouvernement à la Kasbah le 19 décembre 2017 afin d'exprimer l'attachement des enseignants à une vraie réforme de l'éducation et leur refus des réformes préjudiciables. «Au cas où le mutisme des autorités de tutelle se poursuivrait, une nouvelle réunion de la commission administrative du syndicat sera convoquée pour programmer de nouvelles actions de protestation», a-t-il averti. Le syndicat de l'enseignement secondaire refuse catégoriquement le relèvement de l'âge du départ à la retraite et s'attache mordicus à la mise en œuvre de l'accord conclu en octobre 2011 qui considère la profession des enseignants du secondaire et de base comme un métier pénible. Par ailleurs, le syndicat a fait savoir pourrait réclamer de nouvelles augmentations salariales en 2018 pour compenser le manque à gagner qui sera engendré par les mesures fiscales prévues dans la loi de finances, dont la contribution sociale généralisée qui sera affectée au financement des régimes de sécurité sociale et la hausse de la TVA. «Au cas où les nouvelles mesures fiscales engendreraient l'affaiblissement de leur pouvoir d'achat, les enseignants auront alors droit à réclamer de nouvelles majorations salariales autres que celles qui leur seront servis à la faveur du prochain round des négociations sociales», laissé entendre Yaâcoubi, dénonçant au passage la non-augmentation des budgets consacrés aux lycées et le déficit d'enseignants. «Au début de l'année scolaire, le déficit d'enseignants a été estimé à 1700 enseignants permanents, ce qui nous pousse à dire que l'année scolaire 2017-2018 est l'une des plus catastrophiques sur ce plan», a-t-il noté. Et d'ajouter : «suite aux pressions qui ont été exercées par le syndicat, le ministère de l'Education s'est engagé à recruter 400 enseignants, mais ces derniers n'ont pas été encore affectés». Dans ce même chapitre, le syndicat a tancé le ministère de tutelle en raison de son orientation à recruter des enseignants suppléants su la base de contrats temporaires et sans aucune forme de couverture sociale, tout en faisant remarquer que cette pratique représente une violation du Code de travail tunisien et de l'ensemble des conventions internationales régissant le monde du travail et les relations professionnelles. Il a, par ailleurs, relevé la détérioration des infrastructures dans les établissements éducatifs, l'encombrement dans les classes ainsi que la propagation des phénomènes de la violence et de la délinquance dans le milieu scolaire.