Les enseignants du secondaire ont entamé, hier, une grève deux jours en signe de protestation contre le refus du ministère de l'Education de satisfaire leurs revendications qui portent notamment sur des augmentations salariales. Selon le syndicat général de l'enseignement secondaire relevant de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), le taux de participation à ce débrayage a atteint 95% à l'échelle nationale. «La grève est très réussie et les professeurs se rassembleront demain ( jeudi) devant le Palais du gouvernement à la Kasbah pour dire à ce gouvernement qu'il ne doit aucunement mettre la balle dans le camp du prochain gouvernement sous prétexte que son mandat devrait expirer dans quelques mois tout au plus », a déclaré le secrétaire général du syndicat Lassâad yaâcoubi. Le responsable syndical a également évoqué la possibilité d'une escalade et du recours à une grève administrative où cas le ministère de tutelle continue de faire la sourde oreille face aux revendications des quelque 80. 000 enseignants du secondaire. «Ce gouvernement ainsi que les prochains cabinets qui lui succèderont doivent se préparer à toutes les éventualités. Les rassemblements de protestation, le boycott des examens et la grève administrative sont tous des options envisageables. Nous ne tolérerons plus des manouvres dilatoires et mènerons les actions qu'il faudra pour que nos revendications dont certaines datent de plusieurs années soient enfin satisfaites», a ajouté M. Yaâcoubi. La grève administrative qui consiste à ne pas effectuer certaines tâches administratives comprises dans les obligations de sa fonction alors (boycott des examens, non remise des notes, non participation à des jurys...) fait resurgir le spectre de l'année scolaire blanche qui avait déjà longuement plané sur nos établissements éducatifs durant l'année scolaire écoulée. Incidences financières Les enseignants du secondaire réclament notamment des augmentations salariales de nature à compenser la détérioration remarquable de leur pouvoir d'achat, une révision à la hausse des montants des indemnités qu'ils perçoivent et la possibilité du départ volontaire à la retraite à l'âge de 55 ans au regard du caractère pénible de la profession. Ils revendiquent aussi l'annulation du prélèvement de jours de travail sur les salaires à titre de contribution au budget de l'Etat décidé par le gouvernement de Mehdi Jomâa, l'ouverture de négociations sur la réforme du système éducatif et la promulgation d'une loi qui incrimine les violences physiques et verbales à l'encontre des enseignants et de l'ensemble du personnel exerçant dans les établissements éducatifs. Le syndicat appelle, par ailleurs, à la régularisation de la situation des enseignants suppléants, en leur accordant couverture sociale et augmentations salariales. Le ministère de l'Education n'a, cependant, communiqué aucun chiffre relatif au taux de participation de la grève. Il a également précisé qu'il n'est pas en mesure de satisfaire les revendications du syndicat ayant des incidences financières, indiquant que cela relève des attributions de la Présidence du gouvernement et le ministère des Finances. Lors de la dernière réunion entre les représentants du syndicat et ceux du ministère, le ministre de l'Education avait, sur un autre plan, indiqué que son département est en train de préparer un projet de loi relatif à la lutte contre la violence contre les enseignants et l'ensemble du personnel exerçant dans les établissements éducatifs. A noter que le gouvernement qui va se contenter de gérer les affaires courantes en attendant la formation d'un nouveau cabinet issu des élections législatives du 26 octobre refuse jusqu'ici l'idée du lancement d'un nouveau round de négociations sociales dans la fonction publique, arguant de fortes pressions sur le budget de l'Etat.