Depuis la chute du régime de Ben Ali en janvier 2011, les revendications sociales étouffées pendant près d'un quart de siècle ont explosé, engendrant grèves perlées, débrayages encadrés par les syndicats et manifestations de chômeurs. Du nord au sud du pays, le peuple reste encore impatient de toucher des dividendes de sa révolution. L'année 2016 a été plus mouvementée que 2015, selon le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) qui a recensé plus de 9000 actes de protestation au cours des douze derniers mois. Rétrospective des temps forts de l'année. Janvier Emeutes à Kasserine et couvre feu nocturne Le gouvernorat de Kasserine s'est embrasé dès le 16 janvier dans le sillage de la mort par électrocution d'un jeune chômeur Ridha Yahyaoui, qui protestait contre le retrait de son nom d'une liste d'embauchés dans la fonction publique. Manifestations, blocage des routes, pneus brûlés, confrontations avec les forces de l'ordre... La flambée des protestations, qui ont ensuite gagné plusieurs régions dont Sidi Bouzid, le berceau de la révolution, et la capitale a obligé les autorités à décréter un couvre feu nocturne. Le chef du gouvernement de l'époque Habib Essid, a dû interrompre son séjour à Davos pour tenter de calmer les tensions. Février Fortes tensions dans le secteur de l'Education et de la Santé Le syndicat général de l'enseignement secondaire relevant de l'UGTT a organisé une grève de deux jours dans tous les collèges et lycées du pays pour dénoncer le refus des autorités de tutelle d'accorder des majorations salariales de verser certaines indemnités aux enseignants. Dans le même temps, la Fédération générale de la santé rattachée à l'UGTT a organisé un rassemblement devant le siège du ministère de la Santé pour dénoncer une campagne contre les syndicalistes du secteur. Ce rassemblement fait suite à la suspension certains syndicalistes de l'hôpital Habib Thameur de Sfax qui ont empêché le nouveau directeur appartenant au corps militaire de prendre ses fonctions. Mars Affrontements entre policiers et grévistes de Petrofac et paralysie au niveau des caisses sociales Des affrontements ont eu lieu entre forces sécuritaires et sit-inneurs devant la société Petrofac, alors que des policiers sont venus déloger le sit-in des grévistes installé là depuis plus de deux mois pour revendiquer la régularisation de leur situation professionnelle. Les caisses sociales ont, par ailleurs, fermé leurs guichets les 3 et 4 mars 2016, en raison d'une grève organisée par le syndicat général de la sécurité sociale pour dénoncer le refus des autorités de tutelle d'appliquer plusieurs accords conclus précédemment avec la partie syndicale. Avril Nouvelle grève générale dans les hôpitaux et suspension des cours dans les lycées La Fédération générale de la Santé lance un mot d'ordre de grève pour protester contre le lancement d'un mandat d'arrêt contre les syndicalistes de l'hôpital Habib Tahmeur de Sfax et réclamer la mise à niveau des établissements publics de Santé. De son côté, le syndicat de l'enseignement secondaire lance également un mot d'ordre de grève dans les collèges et les lycées pour protester contre les attaques ciblant les enseignants et les «décisions improvisées » du ministre de l'Education, dont l'obligation d'enseigner la biographie de l'ancien président Habib Bourguiba. Mai Les commerçants de Tunis protestent contre la prolifération des étals anarchiques Soutenus par l'Union régionale de l'industrie, du commerce et de l'artisanat de Tunis, les commerçants de Tunis ont organisé des sit-in et des grèves pour protester contre la prolifération des étals anarchiques et des vendeurs ambulants. Ils ont aussi réclamé la réouverture des accès à plusieurs rues commerçantes de la capitale jusqu'alors bloquées par des fils barbelés. Juin Les enseignants du secondaire protestent contre le «Livre blanc » Les professeurs de l'enseignement secondaire ont organisé une série de sit-in devant les sièges des délégations régionales de l'éducation et devant le siège du ministère de l'Education pour contester la décision de fermeture des collèges techniques et les recommandations figurant dans le «Livre blanc» relatif à la réforme de l'éducation. Juillet Retour des remous dans le bassin minier La publication des résultats d'un concours pour le recrutement de cadres à la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) a provoqué une vague de protestations suite à des accusations de népotisme. A Mdhilla, les jeunes ont bloqué les routes et empêché le passage des camions transportant le phosphate et des bus de transport en commun. A Métlaoui, les manifestants ont bloqué la voie ferrée empêchant le passage des trains de transport des phosphates. Septembre Les instituteurs suppléants boycottent la rentrée scolaire Répondant à un mot d'ordre du syndicat général de l'enseignement de base, les instituteurs suppléants ont boycotté la rentrée scolaire et organisé des rassemblements devant les délégations régionales de l'enseignement pour réclamer leur titularisation. Novembre Grogne généralisée contre la loi des finances 2017 La commission administrative de l'Union Générale Tunisienne du Travail avait décidé d'une grève générale dans la fonction publique pour le 8 décembre au cas où le gouvernement maintiendrait le gel des salaires prévu par la loi des finances 2017. Les avocats ont aussi organisés des grèves et des rassemblements devant les tribunaux et l'ARP pour protester contre les mesures fiscales prévues par cette même loi. Les instances syndicales des médecins de libre pratique ont aussi lancé un mot d'ordre de grève pour les mêmes raisons. Les pharmaciens d'officine ont, à leur tour, manifesté devant l'ARP et menacé de débrayer pour dénoncer l'instauration d'une TVA de 6% sur les médicaments importés. Décembre Les syndicats des enseignants réclament le départ de Néji Jalloul Les enseignants du primaire et du secondaire ont entamé le 15 décembre une série de grèves régionales pour réclamer le départ du ministre de l'Education, Néji Jalloul, et le règlement de leurs dus financiers. Le 29 décembre, les sages-femmes ont observé pour la première fois une grève dans toutes les institutions sanitaires et les centres de santé publique. Grève qui n'a pas été cautionnée par la Fédération générale de la Santé, relevant de l'UGTT.