Les enseignants du supérieur ne décolèrent pas. Après le débrayage observé jeudi dernier, la Fédération générale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique (FGESRS) envisage de lancer un mot d'ordre de grève en signe de protestation contre le refus du ministère de satisfaire les revendications des universitaires en dépit des multiples accords signés avec la partie syndicale. Selon des sources bien informées au sein de la fédération syndicale rattachée à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), la nouvelle grève devrait avoir lieu en janvier prochain juste après les examens du premier semestre. Elle s'étalerait sur trois jours. Cette escalade intervient suite aux «provocations» du ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Slim Khalbous. Ce dernier a déclaré que le ministère «a invité la Fédération à une séance de conciliation avant la grève du 7 décembre contrairement aux allégations des syndicalistes ». Le ministre a également indiqué que le préavis de grève lancé par la partie syndicale comprend plusieurs revendications ayant des répercussions financières et qui n'ont jamais été évoquées auparavant lors des négociations avec le ministère. M. Khalbous a aussi suscité le courroux des syndicalistes en déclarant que «ceux qui ont boycotté les assises nationales de mise en œuvre de la réforme de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique tenues le week-end dernier à Hammamet représentent la catégorie faible», en allusion aux syndicats. La Fédération générale, qui a aussi décidé de boycotter l'encadrement des projets de fin d'études (PFE) et la soutenance des thèses de doctorat à compter de janvier 2018, a indiqué que le taux de suivi de la grève observée jeudi a dépassé 90%. La FGESRS et le ministère ont signé en juillet et en octobre derniers des accords qui n'ont jamais été appliqués. Ces accords prévoient notamment la publication des décrets relatifs aux indemnités des professeurs agrégés dans le Journal officiel de la république tunisienne (JORT),la publication d'une nouvelle grille d'honoraires relative à l'encadrement des projets de fin d'études (PFE) ainsi qu'un décret relatif aux émoluments des membres des commissions sectorielles mises en place dans le cadre du système Licence-Master- Doctorat (LMD). D'autres accords conclus précédemment concernent le versement des indemnités de coordination pédagogique, de la rentrée universitaires et d'encouragement des enseignants ayant accepté de travailler dans les établissements d'enseignement supérieur situés dans les régions intérieures. Ces accords prévoient aussi la généralisation des congés de recherche rémunérés pour qu'ils englobent les agrégés et les technologues et l'assouplissement des conditions de mise en place de structures de recherche dans les universités et les instituts supérieurs des études technologiques situés dans les régions intérieures. La FGESRS réclame, par ailleurs, des majorations salariales identiques à celles accordés récemment aux magistrats, l'augmentation de l'indemnité relative à l'encadrement pédagogique, l'octroi de bourses universitaires aux descendants des enseignants et la mise en place de la mutuelle des universitaires. Pour rappel, la Fédération avait boycotté les assises nationales de mise en œuvre de la réforme de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique tenues le week-end dernier à Hammamet pour dénoncer «le hold-up opéré par le ministère sur le processus de réforme de l'enseignement supérieur et barrer la route à des réformes identiques à celles réalisées par les ministres de Ben Ali».Les syndicalistes ont en effet estimé que le ministère a porté atteinte à l'approche participative sur laquelle s'est basée la réforme de l'enseignement supérieur au moment de son démarrage en 2012, notant que cela s'est notamment manifesté par la dissolution des comités de réforme mis en place au niveau des universités, ce qui a fait que la réforme ne part plus de la base comme le stipulait l'accord initial.