La grogne monte d'un cran chez les universitaires. La Fédération générale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique (FGESRS), qui représente les diverses catégories d'enseignants du supérieur et des chercheurs, a démenti, hier, l'accord sur la suspension du boycott des soutenances des projets de fin d'études (PFE) annoncé récemment par le ministère de l'Enseignement supérieur. «L'information annoncée par le ministère de l'Enseignement Supérieur relative à un accord sur la suspension du boycott des soutenances des projets de fin d'études est fallacieuse», souligne Hassine Boujarra, le secrétaire général de la Fédération rattachée à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). Le ministère avait annoncé dans un communiqué publié jeudi avoir conclu un accord avec les syndicats de base de la Faculté des Sciences de Tunis et l'Institut national des Sciences appliquées et de technologie sur le versement des honoraires des enseignants relatifs à l'encadrement des projets de fin d'études et aux heures supplémentaires, indiquant que les enseignants de ces deux établissements se sont engagés à suspendre le boycott des soutenances à partir du samedi 8 juillet. Le secrétaire général de la FGESRS a cependant fait savoir que les deux syndicats de base en question ont démenti l'accord présumé. «Les syndicats de base ont appelé le ministère à rectifier son communiqué assurant qu'ils n'ont fait qu'appeler lors d'une réunion tenue avec les représentants de l'administration le contrôleur des dépenses publics à signer un ordre de versement des honoraires des enseignants dans les plus brefs délais », a-t-il précisé. M. Boujarra a, d'autre part, relevé que certains représentants du ministère ont également déclaré ces derniers jours que les agrégés ont suspendu leur décision de rétention des notes, signalant que cette catégorie d'enseignants subit des «intimidations» de la part de l'administration. Il a fait savoir dans ce cadre que la fédération maintient encore son mot d'ordre relatif au boycott des soutenances des projets de fin d'études qui s'explique par le revirement surprenant du ministre. «Alors qu'on croyait que ce dossier était proche de son épilogue, le ministre a annoncé que l'accord conclu avec la FGESRS à ce sujet ne sera appliqué que durant la prochaine année universitaire. C'est une aberration. Certains enseignants n'ont pas été rémunérés pour leurs activités d'encadrement des projets de fin d'études depuis 2013 », a martelé M. Boujarra. Selon lui, le recours à la rétention des notes par les agrégés s'explique par le non-versement de l'indemnité relative à la promotion obtenue par cette catégorie d'enseignants depuis l'été 2016. Un accord relatif au versement de cette indemnité a été conclu avec le ministère suite à un rassemblement organisé en janvier dernier. Mais cet accord n'a pas été encore appliqué, ce qui a poussé la FGESRS à maintenir son mot d'ordre relatif à la rétention des notes. M. Boujarra a, par ailleurs, accusé le ministère de chercher à «provoquer des dissensions» au sein de la fédération générale en tentant de négocier exclusivement avec les syndicats de base. Les tensions entre le ministère et la FGESRS ne sont pas ainsi près de s'estomper malgré la résolution du conflit relatif aux élections des directeurs, doyens et des recteurs ainsi que des membres des conseils de tous les établissements d'enseignement supérieur et de recherche. Suite à un long bras de fer entre les deux parties, la partie syndicale a obtenu gain de cause grâce à l'intervention du secrétaire général de l'UGTT auprès du Chef du gouvernement, Youssef Chahed. Ainsi, les élections qui étaient initialement prévues en juillet ont été reportées à la prochaine rentrée universitaire. En attendant, un nouveau round de négociations sera ouvert entre la Fédération et le ministère de l'Enseignement supérieur pour tenter de dégager un consensus sur le décret régissant cette opération électorale. La FGESRS a vertement critiqué au cours des dernières semaines ce décret électoral «préparé dans les bureaux clos du ministère» et qui comprend plusieurs «mesures non-démocratiques» et des «incohérences manifestes», dont l'autorisation des chefs de département à participer aux élections du doyen ou du directeur de chaque établissement d'enseignement supérieur et le recours au scrutin de liste pour l'élection du président de chaque université et de ses deux adjoints.