Le syndicat des agents et cadres du Centre National de l'Informatique (CNI) a lancé un préavis de grève pour le 9 janvier prochain pour protester contre l'intention du ministère des Technologies, de la communication et de l'économie numérique de créer une nouvelle institution qui empiète sur la mission du Centre et tirer la sonnette d'alarme sur le risque d'exploitation «partisane» des fichiers nationaux. «Malgré notre attachement au dialogue et le sens de responsabilité dont a fait preuve la partie syndicale pour trouver des solutions à plusieurs questions litigieuses et préserver la paix, les autorités de tutelle continue à faire la sourde oreille face aux revendications légitimes du personnel du CNI», a souligné le syndicat rattachée à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) dans un communiqué. La partie syndicale réclame le gel du projet lancé par le ministère pour créer une nouvelle institution parallèle qui empiètera sur la mission du CNI, lequel gère l'ensemble des fichiers numériques nationaux, et la révision de la composition du Conseil stratégique de l'économie numérique dans le sens d'une ouverture réelle sur les acteurs concernés dans le secteur public. Le personnel du CNI réclame, aussi, le rattachement du centre à la présidence du Gouvernement. Les salariés du centre estiment en effet que la mise de cet établissement sous la tutelle d'un ministère géré par une personnalité issue des rangs du mouvement Ennahdha constitue une porte ouverte à «l'exploitation partisane» des fichiers nationaux, indiquant que l'ensemble de bases de données numériques devraient être mis à l'écart des tiraillements politiques surtout en cette période pré-électorale. Le CNI dispose de bases de données extrêmes importantes qui pourraient être exploitées à des fins électorales. Ces bases de données se rapportent essentiellement aux échanges de courriers électroniques officiels, les fichiers de l'état civil, les registres électoraux et les fichiers de la fonction publique. Le Centre fait aussi office d'auditeur des systèmes d'informations implantés dans tous les ministères et supervise l'élaboration de schémas directeurs informatiques ainsi que la protection des données et la mise en place du système de gouvernance des missions à l'étranger. Selon des sources syndicales, c'est le CNI qui a conçu et supervisé l'exploitation des logiciels utilisées par l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) lors des dernières joutes électorales de 2011 et de 2014. Il gère aussi des systèmes informatiques très sensibles comme le système «Insaf » qui assure la gestion administrative et financière des affaires de plus de 620 000 agents de la fonction publique, le système «ADEB» qui assure le suivi de l'exécution des dépenses de l'Etat et le système « Rached» dédié à la gestion des missions à l'étranger. Fondé en 1975, le CNI est un établissement public à caractère non administratif doté de la personnalité civile et de l'autonomie financière. Jusqu'en 2001, le CNI était placé sous la tutelle de la présidence du gouvernement. En juin dernier, le mouvement Ennahdha a été accusé d'avoir envoyé des SMS aux candidats au baccalauréat pour leur souhaiter la réussite, un agissement considéré comme étant une violation des données personnelles visant à attirer de nouveaux électeurs. Le parti a cependant démenti avoir eu accès à la liste complète des candidats au baccalauréat, indiquant qu'il n'a envoyé des textos qu'à ses adhérents et ses sympathisants.