Le changement climatique devient de plus en plus une priorité dans nos débats. C'est ainsi qu' un Forum-festival s'est déroulé à la maison de la culture de Ghar El Melh la fin d la semaine dernière. Organisé par plusieurs associations dont ATLAS, APAL, Résilience côtière et risques climatiques, FEM, CSGM, UNDP, la municipalité et la maison de la culture de la ville. Ghar El Melh, ce petit village côtier qui adhère à la convention Ramsar regroupant les zones les plus humides, souffre de plusieurs problèmes. En effet, le changement climatique a touché plusieurs secteurs dont l'agriculture et le tourisme. Menaces sur l'agriculture et la pêche Dans cette belle ville côtière du nord-est, appelée jadis Porto Farina, la plupart des habitants, d'origine andalouse, sont agriculteurs et pêcheurs. Les anciens pêcheurs utilisaient le système des filets qui a été interdit après les inondations des 1973. Et depuis, ils ont adopté d'autres techniques traditionnelles de pêche comme les pièges entre autres. Cette activité s'exerce est entre le lac et la mer, et la pêche du l'anguille noire et verte, qui se pratique à partir de la mi-août est une spécificité de la région. La deuxième importante activité est l'agriculture avec une spécificité dite la Gataaya. Il s'agit d'une technique d'agriculture sur l'eau salé d'El Bhira (du lac) pratiquée sur des parcelles de terre délimitées par des roseaux et couvertes de sable pour capturer l'eau douce qui vient des marées et des eaux de pluie qui ruissellent de la montagne. La terre des Gataayas est très fertile et les récoltes annuelles peuvent être triples. Les cultures, les plus répandues dans ces parcelles sont les pommes de terre, les oignons et les pastèques. Des activités et des cultures aujourd'hui de plus en plus menacées en raison principalement du changement climatique, sachant que le pays connait une hausse des températures depuis quelques années. En fait, la Tunisie n'est point à l'abri du problème d'effet de serre qui touche et influence négativement tous les secteurs. A ne pas oublier aussi le découragement des jeunes quant à l'exercice de telles activités, ce qui engendre un grand manque de main d'œuvre, en plus du morcellement des parcelles des Gataayas. « Aujourd'hui on est menacé même par les offres d'achat alléchantes de l'étranger. Des prix exorbitants, des parcelles de 600 m2 qui sont vendus à 130. 000 Dinars, ce qui éblouie les agriculteurs et les encouragent à vendre leurs terres» nous affirme, amer, un agriculteur. Tentants ces prix le sont et nombre d'agriculteurs préfèrent vendre leurs parcelles, question de rentabilité. Le revers de la médaille c'est l'invasion du béton et des constructions. Il n'en demeure pas moins que d'autres agriculteurs s'accrochent encore à leurs terres. C'est leur attachement affectif à la terre qui les retient. « C'est une histoire d'amour qui nous relit à la terre » souligne l'un d'eux. Solutions et promesses Le dirigeant nidaïste, Brahim Nacef, qui a été parmi les invités du forum-festival a promis de transmettre les demandes des agriculteurs et des pêcheurs de Ghar El Melh aux autorités compétentes pour trouver des solutions à même de préserver les richesses des lieux et d'encourager les habitants à poursuivre leurs activités. Il a été par ailleurs proposé aux agriculteurs de créer une association pour mieux défendre leurs intérêts. Le secteur du tourisme a été également de la partie en ce sens qu'il peut être un excellent allié, notamment avec le nouveau concept des maisons d'hôtes où on peut mettre en valeur le style andalous spécifique de la ville. Ce secteur peut être prometteur pour une ville qui constitue une des plus belles destinations de la Méditerranée. Préserver l'artisanat Ce forum-festival a été de même une occasion pour exposer les produits des artisanes dans l'enceinte Fort Bordj Tounes. Plusieurs produits fait main spécifiques à Ghar El Melh ont été présentés à savoir la dentelle dite « chbika » et plusieurs types de broderie «triza». Un projet pilote dit Borj Lella a été également présenté à l'occasiuon. Il s'agit d'une fromagerie et d'une table d'hôtes situées sur la route de Bèja où on peut déguster un bon fromage produit à base de lait de brebis. « Une fromagerie qui favorise la qualité contre la quantité et l'artisanal contre l'industriel pour préserver un produit de niche avec plus de saveur » explique son propriétaire M. Ben youssef. Ghar El Melh, cette perle de la Méditerranée, mérite plus d'attention et d'efforts afin de préserver ses richesses et ses spécificités d'autant plus qu'elle constitue depuis quelques années une bouffée d'oxygène pour la capitale en particulier et pour le nord du pays en général.