Tunis Le Temps-Agences - Nicolas Sarkozy a entamé hier à Alger une visite d'Etat de trois jours, sur fond de polémique sur le passé colonial de la France en Algérie. L'objectif de la visite est "de refonder le partenariat d'exception qui lie l'Algérie et la France à travers des projets concrets", explique le porte-parole de l'Elysée David Martinon. La France espère signer pour environ cinq milliards d'euros de contrats et accords d'investissement à l'occasion de cette visite, la deuxième de Nicolas Sarkozy en six mois en Algérie. La préparation de ce voyage a été empoisonnée par les attaques dont Nicolas Sarkozy a été la cible de la part de vétérans de la guerre d'indépendance algérienne (1954-1962), dont les séquelles pèsent toujours sur les relations entre la France et son ancienne colonie. Le ministre algérien des Anciens combattants, qui n'était pas présent à l'aéroport pour accueillir Nicolas Sarkozy, a ainsi accusé le président français d'être inféodé à un "lobby juif". Mohamed Chérif Abbès a aussi estimé qu'il n'y aurait pas de réconciliation totale avec la France si elle ne reconnaissait pas "le crime" commis par elle pendant la période coloniale - un leitmotiv du noyau dur des vétérans de la guerre d'indépendance. Si Abdelaziz Bouteflika a désavoué les propos de son ministre, le ton de la presse algérienne reste assez négatif. "Les Algériens n'attendent pas grand-chose de la visite de Sarkozy", écrit ainsi hier le directeur d'El Watan, Omar Belhouchet, dans un éditorial. "Cette visite risque d'être une occasion ratée de bâtir un avenir commun." Il met en cause le refus du président français de faire "repentance" pour le passé colonial de la France en Algérie. "Nicolas Sarkozy ne peut pas continuellement fuir le passé colonial de son pays", écrit-il. "Les Algériens, dans leur très grande majorité, attendent un geste, des mots, pour reconnaître et admettre les crimes commis par l'armée coloniale." Selon l'Elysée, Nicolas Sarkozy entend répondre sur place aux attaques dont il est l'objet. "Nous devons nous tourner d'abord vers l'avenir, car les nouvelles générations (...) ne vont pas attendre que les adultes aient fini de régler les problèmes du passé", a-t-il déclaré à l'agence APS. "Bien sûr, il y a aussi l'histoire, qui est là et continue parfois à s'interposer entre nous. Il ne faut pas l'ignorer mais l'assumer", a ajouté le président français, qui souhaite que le travail de mémoire évite "de part et d'autre toute approche idéologique ou toute instrumentalisation politique, comme cela est, malheureusement, encore parfois le cas". Les deux gouvernements doivent signer à l'occasion de sa visite une "convention de partenariat" fixant pour dix ans le cadre de leur coopération - une sorte de "traité d'amitié simplifié", selon David Martinon. La France et l'Algérie signeront aussi un accord cadre de coopération dans le domaine du nucléaire civil et Gaz de France renouvellera ses contrats d'approvisionnement en gaz algérien pour la période 2013-2019, déclare Nicolas Sarkozy dans son interview à l'agence de presse algérienne publiée dimanche. GDF va en outre investir un milliard de dollars sur le gisement de Touat (Sud algérien) et Total 1,5 milliard de dollars à Arzew dans une usine pétrochimique, ajoute-t-il.