Les enseignants du supérieur ont entamé, hier, une grève de deux jours en signe de protestation contre le refus du ministère de tutelle de satisfaire leurs revendications des universitaires en dépit des multiples accords signés avec la Fédération générale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique (FGESRS). Le taux de suivi de ce débrayage a atteint 95% durant le premier jour à l'échelle nationale, et des taux de 100% ont été enregistrés dans plusieurs établissements. «La mobilisation des universitaires a été forte étant donné que le mouvement vise à défendre l'Université publique qui a beaucoup perdu de sa superbe», souligne le secrétaire général de la FGESRS, Houcine Boujarra. «Alors que les universités privées se multiplient en l'absence d'un cahier des charges qui régit cette activités, les universités publiques sont plus que jamais marginalisées, avec des enseignants sous-payés, des titulaires de doctorats qui rasent les murs et des budgets dérisoires alloués à la recherche », ajoute-t-il. Une ultime réunion de conciliation tenue lundi entre le Bureau exécutif du la fédération syndicale rattachée à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et le ministre de l'Enseignement supérieur n'a pas permis d'éviter la grève. «A chaque fois qu'on évoque un point précis, le ministre affirme que cela n'est pas du ressort de son ministère et met la balle dans le camp de la Présidence du gouvernement ou du ministère des Finances », déplore M. Boujarra. La FGESRS avait déjà organisé une grève très suivi le 7 décembre dernier. Suite à ce débrayage, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Slim Khalbous, avait déclaré que la motion publiée par la fédération comprenait plusieurs revendications ayant des répercussions financières et qui n'ont jamais été évoquées auparavant lors des négociations avec le ministère. La FGESRS avait déjà annoncé que les enseignants vont boycotter l'encadrement des projets de fin d'études (PFE) et la soutenance des thèses de doctorat à compter de janvier 2018. Les deux parties avaient signé en juillet et en octobre 2017 des accords qui n'ont pas été à ce jour appliqués. Ces accords prévoient notamment le versement des indemnités de coordination pédagogique, de la rentrée universitaire et d'encouragement des enseignants ayant accepté de travailler dans les établissements d'enseignement supérieur situés dans les régions intérieures. Ils prévoient, d'autre part, la généralisation des congés de recherche rémunérés pour qu'ils englobent les agrégés et les technologues ainsi que l'assouplissement des conditions de mise en place de structures de recherche dans les universités et les instituts supérieurs des études technologiques situés dans les régions intérieures. La FGESRS réclame, par ailleurs, des majorations salariales identiques à celles accordées récemment aux magistrats, l'ouverture de perspectives de recrutement aux titulaires de doctorats, la révision à la hausse du budget du ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, la mise en place d'un cahier de charges pour organiser le secteur de l'enseignement supérieur privé et l'adoption une approche participative en ce qui concerne la réforme de l'enseignement supérieur public.