L'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) a clôturé le dépôt des listes candidates pour les élections municipales jeudi 22 février 2018. Le lendemain, l'Instance a tenu une conférence de presse où elle a annoncé et détaillé le bilan dudit dépôt. Bien avant ce point de presse, certains journaux électroniques ont relayé une information selon laquelle la liste du mouvement d'Ennahdha pour Kairouan ville aurait été refusée puisqu'elle a été déposée 15 mn après l'heure de la clôture de dépôt des candidatures. Toutefois, le rejet de la liste a été démenti sans aucune autre explication jusqu'à ce qu'une autre conférence de presse se tienne au début de la semaine courante. Conférence organisée par 25 organismes entre partis politiques et composantes de la société civile. Nidaa Tounes, le Front populaire, Afek Tounes et d'autres acteurs se sont réunis pour dénoncer le dépassement survenu au bureau régional de l'ISIE à Kairouan. Selon les vingt représentants des partis, des associations et des organisations, l'incident survenu avec la liste d'Ennahdha est bel et bien réel. A l'issue de la rencontre, les intéressés ont signé une pétition qu'ils ont adressée à la centrale de l'ISIE où ils ont réclamé la neutralité totale de l'instance dans ses agissements vis-à-vis de toutes les parties prenantes sans présenter pour autant un recours auprès du Tribunal. Dans une déclaration qu'elle nous a accordée, la députée du mouvement de Nidaa Tounes, Ons Hattab, est revenue sur les détails de l'affaire : « Le jour de la clôture des dépôts, la liste du mouvement d'Ennahdha a été déposée, au vu et au su de tous les présents, à 18h10. Suite à cet incident, nous (bureau régional de Nidaa Tounes) avons envoyé une correspondance officielle à la centrale de notre mouvement qui a , à son tour, pris l'initiative de contacter les autres partis et composantes de la société civile. A Kairouan, des pourparlers ont été menés entre les différents intéressés et la conclusion a été la même un peu partout ; le bureau régional de la ville manque cruellement de neutralité. Ayant déjà une mauvaise réputation, l'incident n'a fait qu'empirer la situation et 25 représentants des différents organismes locaux ont décidé de tenir une conférence de presse pour dénoncer les dépassements et notamment ceux du coordinateur régional du bureau, Tarak Khalaf. Les réactions de l'autre camp n'ont pas tardé à se faire entendre et on a tenté de faire comprendre au large public que l'unique souci des 25 conférenciers était de déstabiliser la liste en question puisqu'il s'agit d'une liste du mouvement d'Ennahdha. Des conclusions qui n'ont rien à voir avec la réalité parce que notre unique souci est de garantir le respect et la réussite du processus électoral pour que les élections municipales ne soient pas remises en question. Pour ma part, j'ai contacté le président de l'ISIE, Mohamed Tlili El Mansri, qui m'a promis d'ouvrir une enquête sur le sujet. Si d'ici jeudi matin (aujourd'hui) rien n'est fait, nous irons déposer un recours auprès du Tribunal administratif. » Nous avons contacté Anis Jarboui, membre de l'ISIE, qui nous a assuré que Mohamed Tlili El Mansri l'a officiellement informé de l'ouverture d'une enquête officielle sur cette affaire. Notre interlocuteur nous a indiqué que suite aux plaintes reçues par le directeur-exécutif du mouvement Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi, et par les 25 représentants des partis et des composantes de la société civile, le président de l'ISIE a adressé un question au coordinateur régional de l'Instance dans la ville de Kairouan et a décidé d'ouvrir une enquête pour déterminer les détails de l'affaire. Questionné sur la réception d'autres plaintes à part celle de Kairouan ville, Anis Jarboui a répondu par la négative. En attendant, le mouvement Ennahdha refuse toujours de se prononcer sur le sujet préférant probablement attendre l'évolution de la situation.