L'antenne régionale de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) à Tataouine et menacé, dans un communiqué rendu public hier, de bloquer la production pétrolière dans la région, en signe de solidarité avec les protestataires d'El Kamour qui attendent toujours l'application d'un accord conclu en juin 2017 avec le gouvernement. «Nous partageons les sentiments de déception et de manque de confiance dans les promesses gouvernementales que ressentent les jeunes de la région de Tataouine. Et au cas où le gouvernement ne s'empresserait pas à satisfaire leurs revendications, nous appellerons nos adhérents à bloquer la production au niveau de l'ensemble des sociétés pétrolières opérant dans la région», a martelé l'Union régionale du travail de Tataouine, indiquant qu'elle «nécessitera pas à soutenir toutes les protestations qu'organiseront les habitants de la région». L'Union régionale a, d'autre part, appelé le secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi, à tenir une réunion avec le Chef du gouvernement en présence des diverses parties concernées pour décider l'application immédiate de l'accord relatif au développement régional conclu le 16 juin 2017 entre les protestataires et le ministre de la Formation professionnelle et de l'emploi de l'époque, Imed Hammami. Elle a rappelé dans ce cadre que le secrétaire général s'était porté garant de l'application de cet accord. Le ton très menaçant de l'URT de Tataouine intervient alors que les jeunes protestataires, qui avaient dressé il y a quelques jours des tentes près des sites pétroliers dans la localité d'El Kamour, ont décidé de reporter leur mouvement de protestation pour contribuer à la réussite de plusieurs événements culturels, économiques et politiques qui se dérouleront prochainement dans la région. «En cette étape sensible que traverse notre gouvernorat et qui coïncide avec des visites de plusieurs délégations d'investisseurs étrangers et locaux, des festivals et des préparatifs pour els élections municipales, nous avons décidé de reporter le mouvement de protestation pour préserver l'image de la région et assurer la réussite de ces événements », a souligné la coordination du sit-in d'El Kamour dans un communiqué publié lundi. La coordination a cependant averti qu'elle se réserve le droit de reprendre sa lutte au cas où le taux d'application des points énumérés dans l'accord de juin 2017 n'atteigne pas 80% au moins. Conclu entre l'ancien ministre de la Formation professionnelle et de l'emploi et des représentants des protestataires qui ont campé durant deux mois niveau d'une station de pompage à partir de laquelle on peut fermer d'un tour de main un oléoduc souterrain, l'accord prévoit notamment le recrutement d'un membre de la famille du martyr Anwer Sakrafi et d'un membre de la famille du blessé Abdallah Aouari, le recrutement de 1500 personnes au sein des sociétés pétrolières (100 en juillet, 150 en septembre, 200 en octobre, 400 en novembre et 150 en décembre) et l'embauche de 3000 chômeurs dans les sociétés chargées de la protection de l'environnement sur trois ans (1500 agents en 2017, 1000 en 2018 et 500 personnes en 2019). L'accord, qui a mis fin à des protestations émaillées d'affrontements sanglants entre les forces de l'ordre et les jeunes de la région, prévoit également la titularisation de 370 agents dans les sociétés pétrolières et de l'environnement à la fin de leurs contrats à durée déterminée, le versement d'une indemnité de recherche d'emploi de 500 dinars aux personnes recrutées dans les sociétés pétrolières en attendant leur prise de fonction, l'allocation d'un budget de 80 millions de dinars au Fonds de développement régional, et l'annulation des poursuites judiciaires engagées contre les protestataires.