Comme annoncé au cours de la semaine dernière, les signataires du pacte de Carthage se sont réunis, hier, au palais présidentiel pour discuter de l'évaluation de l'action gouvernementale. Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a assuré, lors de son discours inaugural, que la Tunisie a besoin de tous ses enfants et que la présidence de la République ne compte exclure aucune partie du dialogue. Revenant sur le pacte de Carthage, le chef de l'Etat a expliqué que ce document n'est pas figé et qu'il est appelé à s'adapter à toutes les circonstances signalant que son contenu peut et doit être révisés par tous ses signataires. Bien que tout le monde s'attendait à ce que la réunion soit houleuse voire décisive pour le gouvernement et surtout pour Youssef Chahed, l'annonce qui l'a suivie a plus était surprenante : les signataires ont décidé de former une commission qui sera chargée de combiner toutes les remarques et les requêtes des différents participants pour en faire une seule note et la présenter à une réunion qui sera organisée dans deux semaines au grand maximum. Une fois la note mise en place, le contenu du pacte de Carthage changera selon les nouveaux objectifs fixés par les partis politiques restant et les quatre organisations nationales qui ont signé le document. Grâce à cette commission, les priorités économiques et financières du pays seront fixées. A l'issue de la réunion, le directeur-exécutif du mouvement de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi, a déclaré que le prochain remaniement ministériel ne peut se faire qu'à travers une feuille de route bien déterminée pour que la nouvelle équipe réponde avec précision aux missions qui lui seront demandées. Selon le chef du mouvement islamiste d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, la question du remaniement ne serait même pas posée au cours de la réunion. Ghannouchi a rappelé que la Tunisie a connu huit gouvernements depuis sa révolution et que, de ce fait, la priorité aujourd'hui est de faire sortir le pays de sa crise. Pour le secrétaire-général de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, une fois le nouveau document mis en place, les signataires seraient appelés à choisir le chef et l'équipe capables de l'appliquer. Toutefois, les bruits des coulisses ne correspondent pas totalement aux déclarations officielles puisque certains nous ont assuré, et cela a été relayé par plusieurs autres médias, que la question du remaniement partiel a bel et bien été abordée et que les dirigeants de Nidaa Tounes ont exprimé leur souhait que ce remaniement ait lieu au lendemain des élections municipales. De toutes les manières, que la question du remaniement s'est posée ou pas, le résultat est le même : cette réunion a rappelé à tous les intéressés que Youssef Chahed ne dispose d'aucun réel pouvoir et que son avenir et celui de toute son équipe dépend uniquement des grès de ceux qui se sont rencontrés hier à Carthage. Chahed aurait perdu à l'issue de cette rencontre tout ce qu'il a construit en termes d'image de l'homme d'Etat fort et capable d'aller de l'avant indépendamment de toutes les pressions partisanes et autres. Aujourd'hui, Chahed est parti ou, du moins, l'image du jeune chef du gouvernement enthousiaste et fort n'est plus.