Jusqu'où mènera cette guerre fratricide entre ministère de l'Education et UGTT dont les vraies seules victimes sont les élèves ? Campant chacune sur ses positions et ne donnant aucun signe de résignation, les deux parties menacent d'escalade et se disent bien résolues à ne rien céder. Aujourd'hui, un énième intervenant est entré dans l'arène pour corser encore plus cette partie de fer: l'Instance Nationale de Protection des Données Personnelles (INPDP). Selon les dires de son Président, Chawki Gaddes, des dizaines de parents en colère auraient contacté l'INDPD pour protester contre la rétention des notes du premier semestre, signe de protestation décidé par la Fédération Générale de l'Enseignement Secondaire (FGES), soutenu l'UGTT pour faire plier le ministère et obtenir pleine satisfaction de leurs revendications. Au nom de leurs enfants, les parents voudraient porter plainte contre les professeurs qui ont refusé de remettre les notes à leurs élèves, perturbant ainsi le cours normal de l'année scolaire. Mais pourquoi avoir contacté l'INDPD ? Gaddes expliquait, quelques jours en arrière, que les notes ne sont pas la propriété des professeurs et encore moins de l'établissement scolaire et qu'elles font partie des données personnelles protégées par la loi. Il ajoute : « Refuser de remettre ces notes aux élèves est donc un acte répréhensible par la loi. C'est une violation flagrante de l'une des règles fondamentales du droit à l'accès à l'information. En cas de plainte, cela pourrait exposer les enseignants à des sanctions et à peines d'emprisonnement allant jusqu'à huit mois. » Réuni hier, vendredi, le comité exécutif de l'INPDP a annoncé qu'une décision a été prise et que l'Instance allait se constituer partie civile et porter les plaintes des parents devant la justice pour qu'elle tranche dans cette cette affaire. Contacté en début d'après-midi pour connaître la position de la FGES quant à ce nouveau rebondissement, Lassâd Yaakoubi, Secrétaire Général de la Fédération, a déclaré à ce propos : « La FGES ne tient compte que des décisions d'une seule autorité officielle, à savoir la justice tunisienne. Ces déclarations pompeuses à la presse et ces menaces ne nous concernent en rien et ne sont qu'un prétexte pour attirer l'attention et les feux des projecteurs sur quelques personnes en quête de médiatisation. Nous considérons que nous n'avons privé les élèves d'aucune de leurs données personnelles et encore moins de leur droit au savoir. Pour preuve, les cours n'ont pas été suspendus et se poursuivent d'une manière ordinaire. La Fédération se place donc au dessus de cette nouvelle polémique et n'aspire qu'à une chose : obtenir gain de cause à l'issue de revendications sérieuses et engagées. » Interrogé sur le même sujet, Sami Tahri, porte-parole de l'UGTT a déclaré que l'INPDP se mêlait de ce qui ne la regardait pas, à savoir un conflit entre un employeur et des employés et qu'elle ferait mieux de se pencher sur d'autres sujets et affaires. Portera plainte, ne portera pas. Négociera, ne négociera pas. Cédera, ne cédera pas. Ce bras de fer opposant le ministère à la centrale syndicale ne semble pas vouloir s'achever, du moins pas sur une note positive. En effet, des bruits de couloir laissent entendre que la possibilité d'une année blanche n'est pas à exclure. Entre temps, dans un établissement scolaire de la Cité Ettahrir, une enseignante a été braquée au sein même de sa salle de classe, devant ses petits élèves. Mais ceci n'est qu'un détail dans cette guerre d'adultes...