Une grève est prévue le 28 mars Décidément, on ne verra pas de sitôt le bout du tunnel dans l'interminable bras de fer entre le ministère de l'Education et la Fédération générale de l'enseignement secondaire (Fges). Les menaces semblent prendre le dessus sur le dialogue et la concertation. Le Gouvernement et l'Ugtt tardent à peser de tout leur poids, ce qui laisse la porte ouverte devant toutes les surenchères. Toutefois, il est possible de parler d'une amorce dans le processus de résolution de la crise. Même si les observateurs jugent que les choses se compliquent davantage, il y a, au moins, le mérite de la clarification des attitudes. Il est évident que chacun campe sur ses positions et aucune partie ne veut céder. Nouvelles menaces Cette fois, c'est le ministère lui-même qui a adopté une attitude plus tranchante concernant le blocage des salaires des enseignants qui refusent de rendre les notes à l'administration. Cette annonce faite à l'issue d'un Conseil des ministres a fait des vagues dans les rangs des syndicalistes. Quelques S.G adjoints dans la Fges ont, tout simplement, rejeté ce recours considérant qu'il ne constitue qu'une fuite en avant des autorités. D'autres ont affirmé qu'ils n'avaient peur de rien parce que la décision de ne pas remettre les notes est légale puisqu'elle a été prise par une instance de l'Ugtt. D'autres, encore, versant davantage dans la surenchère ont brandi de nouvelles menaces. Ils parlaient d'étendre les méthodes de «lutte» à d'autres champs et à en diversifier les moyens. Pour montrer leur détermination, ils n'ont pas lésiné sur les moyens. En effet, ils ont affrété une cinquantaine de cars pour transporter les enseignants de l'intérieur et leur permettre d'assister au rassemblement organisé, hier, devant le ministère de l'Education. Selon eux, le nombre de participants se serait situé autour de 20.000. Durcissement Cette démonstration de force vise, d'après eux, à souligner l'importance que représente le corps enseignant et son «adhésion» aux principes de la lutte qu'ils mènent pour obtenir leurs «droits légitimes». Le rassemblement en question précède la grève générale prévue le 28 mars. Cette grève va ratisser large puisque les organisateurs entendent faire participer tous les professeurs y compris ceux qui sont détachés dans les différentes administrations et commissariats régionaux à l'éducation. Ce ne sont, donc, pas les cours, uniquement, qui seront touchés mais, également, une partie du travail administratif dans plusieurs services relevant du ministère de l'Education. Pendant ce temps, les portes restent fermées devant les discussions. D'un côté, la Fges explique son refus de négocier par l'attitude des autorités qui posent des préalables, à l'instar de la suspension de la décision syndicale de boycotter l'administration. De l'autre, le ministère affirme qu'il n'est pas prêt à négocier sous la menace. Quelle solution ? Cette impasse est préjudiciable et ne peut, en aucun cas, faciliter le travail des enseignants ou des élèves. Le climat est d'autant plus tendu qu'il rend les rapports entre les divers acteurs conflictuels. Pour preuve : cette atmosphère de violence accrue dans le milieu scolaire et les nombreuses frictions entre les professeurs et les parents. Les discours qui sont prononcés par certains responsables de la Fges maintiennent, justement, cette tension et en augmentent, même, le degré. Parfois, l'attitude méprisante affichée par certaines parties à l'égard de tout ce qui vient des autorités ne fait qu'alimenter les polémiques et attiser les susceptibilités. Aussi voit-on que de chaque côté, on n'est pas prêt à chercher à désamorcer la crise par la voie du dialogue. En dépit de la volonté affichée par les uns et les autres, aucune issue ne semble proche. Au contraire. Tout montre que l'on se dirige, vraiment, vers une autre épreuve de force dont seuls les élèves et les parents sortiront perdants. Devant, notamment, la dernière mesure annoncée par le ministre de l'Education et qui consiste à suspendre le salaire des enseignants qui n'ont pas rendu les notes à l'administration, les réactions de la Fges ne se feront pas attendre et elles seront, comme on l'annonce «douloureuses». Mais douloureuses pour qui ? Personne ne veut le dire. Toujours est-il que c'est le système éducatif qui va en pâtir. Bien que l'idée de s'en prendre aux salaires puisse être jugée comme une façon de faire bouger les lignes, elle n'en demeure pas moins un pavé dans la mare qui risque de faire des vagues. Le ministère aurait été mandaté par le Conseil des ministres pour débloquer, au plus vite, la situation et rétablir un climat serein dans les 1.500 collèges et lycées. L'année scolaire touche à sa fin, les échéances nationales approchent à grands pas et il n'est plus question de perdre du temps. Car ce serait fastidieux de ne reconnaître ni les décisions judiciaires ni celles administratives. Où veut-on nous mener, se disent les Tunisiens ?