«Gare à la colère d'un million de retraités», «Nous avons tout donné au pays, et maintenant ils n'ont plus besoin de nous !», «La majoration des pensions est un droit et non un don », « Priver le retraité de la majoration de sa pension équivaut à son assassinat». L'amertume des retraités devant le retard dans le versement des augmentations des majorations des pensions convenues entre le gouvernement et l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et le refus du gouvernement de majorer le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) déborde désormais dans la rue. Des centaines de retraités ont en effet organisé, hier, des rassemblements devant les diverses unions régionales du travail pour protester contre le refus des autorités de faire bénéficier les affiliés de la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS) des augmentations des pensions malgré l'entrée en vigueur de l'accord conclu avec l'UGTT en novembre 2017 et le retard pris dans la révision à la hausse du SMIG. «Le gouvernement continue à fermer les yeux sur les droits acquis des retraités et n'hésite plus à dire que les caisses sociales pourraient ne plus être en mesure de verser les pensions de retraite », a déploré le secrétaire général de l'Union régionale du travail de Sousse, Kacem Zemni, en marge d'un rassemblement organisé à l'initiative de la fédération générale des retraités rattachée à la centrale syndicale. De son côté, le secrétaire général du syndicat régional des retraités à Sidi Bouzid, Sassi Saïdi, a indiqué que l'attitude du gouvernement relève de «l'ingratitude» à l'égard de plusieurs générations de salariés qui ont contribué à l'édification de l'Etat moderne. «Les retraités doivent aujourd'hui être au centre de toutes les préoccupations au regard de la baisse considérable de leur pouvoir d'achat et du mauvais état santé de la plupart d'entre eux », a-t-il lancé lors d'une marche organisée à Sidi Bouzid. Les protestations des retraités interviennent quelques jours après des déclarations du Chef du gouvernement, Youssef Chahed, selon lesquelles les pensions de retraite sont désormais menacées. Lors d'une conférence sur les grandes réformes, le locataire du Palais de la Kasabah a souligné la nécessité de lancer des réformes globales et structurelles pour restaurer les équilibres financiers des caisses, tout en faisant part de sa crainte que ces caisses soient prochainement dans l'incapacité d'assurer le décaissement des pensions au cas où le rythme de mise en œuvre de ces grandes réformes ne serait pas accéléré. De son côté, le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, a affirmé récemment que les caisses sociales sont capables d'assurer les pensions de retraite, reconnaissant cependant que le versement des pensions commence à accuser du retard. La réforme des régimes de sécurité sociale divise encore les partenaires sociaux à telle enseigne que les réunions de la commission de la protection sociale regroupant des représentants du gouvernement, de l'UGTT et de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du commerce et de l'Artisanat (UTICA) ont été suspendues jusqu'à nouvel ordre. Les principaux points en litige sont la révision à la baisse du salaire de référence, qui impliquera une réduction des pensions de retraites futures et l'abaissement des rendements des annuités. Les partenaires sociaux se sont cependant mis d'accord sur plusieurs leviers d'action, dont le relèvement de l'âge du départ à la retraite, l'augmentation des cotisations, la diversification des sources de financement, l'amélioration de la gouvernance des caisses et l'élargissement du parapluie de la couverture sociale et la révision de la liste des métiers pénibles.